On avait salué et aimé Petit, destin original d’un ogre format modèle réduit dans un royaume où il sont tout puissants et avalent les humains qui les servent. Hubert et Gatignol ont donné vie à un monde féérique, fantastique, violent où le Petit Poucet cède la place à un jeune arriviste, fruit d’un amour impossible entre une servante et un noble. Rien ne va lui résister pour accéder à la fonction suprême de chambellan du roi-ogre. Un second tome dont la trame précède celle du premier et la rejoint, encore plus enthousiasmant, éclatant, sur des portraits d’une rare vérité et une mise en scène graphiquement parfaite, ouverte, dans laquelle le lecteur est partie prenante comme devant un grand écran servi par un très bon film.
Yori a un père noble et une mère qui ne l’est pas. Pourtant il est élevé avec ses demi-frères odieux et bêtes. Son père marié ne peut quitter sa famille. Bien que privilégié parmi les nobles-nés, cela ne va pas lui suffire. Yori a des ambitions à la taille des maîtres des lieux les ogres, gigantesques et méprisants. Chassé avec sa mère par son père, devenu un beau jeune homme et gigolo, il séduit la veuve richissime d’un noble et finit pas se faire adopter. Yori joue sur tous les tableaux et se fait recommander par sa protectrice au chambellan du moment, un vague parent. Il va enfin voir les dieux de près mais se fait un cohorte d’ennemis parmi les nobles. Jusqu’où Yori va-t-il pouvoir aller ?
Jeu du pouvoir dans finalement une sorte de monarchie de droit divin représentée par les ogres qui s’appuient sur une noblesse dont ils entretiennent les jalousies en interne et asservissent le peuple. Sauf que quand ils se font avoir les ogres, il y a du grignotage au menu. Yori est le parvenu machiavélique qui aime qu’on l’aime (un vrai politique) et va reprocher à sa mère de lui préférer son père. Il va le payer cher le papa. Complots, magouilles, le tout entrecoupé des portraits des précédents chambellans du royaume sous forme de nouvelles comme dans le premier tome. Cela apporte une parfaite légitimité à la saga. Double saveur de l’écriture et d’un dessin ligne claire qui alterne froideur, cruauté des faits et beauté parfois des sentiments, Yori trouvera son maître parmi ses proches. Mais ce sera peut-être une autre histoire. On ne peut que le souhaiter tant ce nouvel Ogre-Dieux est parfait et marquera l’année 2016.
Les Ogres-Dieux, Demi-sang, Éditions Soleil, 22,95 €
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