Douze histoires courtes qui ont toute en commun soit Lorca lui-même, soit son souffle et son souvenir. Personnage mythique de la littérature espagnole, assassiné par les franquistes en 1936 alors que la guerre civile fait rage, Federico Garcia Lorca n’a jamais cessé de soulever les passions, ni d’être une référence intellectuelle que ce sont appropriés politiques ou artistes. On redécouvre un Lorca, poète hors normes, fou de théâtre, et que la mort sanctifiera.
En 1936, à Grenade, Tomas embarque femme et enfant pour échapper aux combats qui vont commencer contre les Républicains. Son jeune fils a une adoration pour Garcia Lorca. C’est le premier tableau de cette fresque qui se terminera de nos jours en 2011 par le petit-fils de Tomas qui va écrire sur Lorca et parle à son père, le petit garçon parti de Grenade en 1936. La boucle est bouclée. Mais entre temps, Lorca est mort, fusillé en 1938, et sans que l’un de ses amis d’enfance sous uniforme franquiste puisse l’aider. De La Havane en 1930 où se soigne Lorca, à Dali et Bunuel qui le haïsse et tournent Un Chien Andalou en 1929, le chemin n’est pas chronologique ni logique. On vagabonde sur les traces du nom de Lorca, ses assassins, son enfance, ses envies de théâtre populaire.
Lorca serait-il une fête ? Pourquoi pas, lui qui a aimé un Dali qui le lui a mal rendu, méticuleux et assoiffé de renommée. Lorca a-t-il été pris au piège de l’Histoire et de la Guerre d’Espagne ? Il a gêné, homme de gauche intransigeant, homosexuel, talentueux, une Espagne de noir vêtue enfermée dans un franquisme méprisant et sans pitié. Carlos Hernandez a en tracé un portrait attachant qui dépasse le mythe, humanise l’homme, le touche-à-tout de talent. Le trait noir sur fond d’aplat dégage émotion et authenticité, donne envie de relire Lorca. Un ouvrage romantique.
Sur les traces de Garcia Lorca, Vertige Graphic, 18 €
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