Sans vraiment le vouloir, ni le savoir et en pleine Guerre de Sécession, l’histoire de la marine de guerre change de cap. A Hampton Roads, en 1862, va s’ouvrir l’ère des cuirassés. Fini le bois, les voiles, l’acier car le blindage et la vapeur vont renverser définitivement la donne pour en arriver au cours du XXe siècle à des batailles où les titans des mers vont s’affronter sur tous les océans dont le Pacifique jusqu’en 1945. Jean-Yves Delitte, directeur de la collection Les Grandes Batailles Navales, est lui-même à la barre, scénario et dessin, de cette aventure maritime qui révolutionne la guerre sur les flots. Une maîtrise toujours aussi parfaite, une part de romanesque qui s’ajoute à la grande Histoire que Delitte complète à la fin de l’album par un dossier historique richement illustré, il y a dans ce Hampton Roads du souffle, de l’action et du grand spectacle. Le tout dominé par une rigueur totale dans le moindre des détails de la reconstitution.
Le Sud contre le Nord, avec pour enjeu l’esclavage certes mais surtout la main mise sur une économie florissante. La Guerre de Sécession dure depuis 1861 et le blocus des ports est un objectif d’autant que le Sud n’a pas de flotte pour se défendre contrairement au Nord. Face à Hampton Roads sur l’Elizabeth River les soldats nordistes voient arriver une sorte d’énorme chaloupe sans voile et à vapeur. C’est le CSS Virginia, le premier cuirassé mis à flots. Mais avant d’en arriver là il a fallu le finir, lui trouver un équipage ce dont va être chargé à Norfolk le lieutenant Wood. Sauf que tous les marins sudistes par manque de navires sont devenus fantassins. Et puis il y a autour du Virginia des curieux qui se renseignent sur ce bien curieux navire. Des informations qui vont bien sûr servir aux Nordistes qui eux ont construit un autre cuirassé, le USS Monitor. Quand le Virginia se met à couler les frégates du Nord, on lui envoie le Monitor. Un duel de géants d’acier, le premier de l’histoire de la guerre sur mer. Égalité et pas de gagnant mais désormais le temps de la marine à voile est révolu.
Une belle fresque servie par le talent de Jean-Yves Delitte, son sens de la narration, des personnages hauts en couleur et sa connaissance encyclopédique des faits. Ensuite on s’attache au destins individuels des ces hommes embarqués dans une guerre sans pitié qui va encore durer longtemps. On est à la fin d’une époque et au début de celle des marines de guerre modernes. Le dessin est à la hauteur de la réputation de Delitte.
Les Grandes batailles navales, Hampton Roads, Glénat, 14,95 €
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