On ouvre une rubrique archives sur Ligne Claire. Elle paraîtra le samedi quand nécessaire, en fonction de l’actualité. Les textes sont des chroniques publiées la plupart avant 2012 dans la Presse par le journaliste responsable éditorial de ce site.
Un retour sur deux des précédents Gus signés par Blain avec des chroniques parues à la sortie des albums qui déjà montraient tout la folle maîtrise de l’auteur dans un univers, le western, qu’il s’était approprié et réinventé. Il aura fallu attendre huit ans avant que Gus ne remontre le bout de son très long nez à la Cyrano avec le tome 4 de Gus, Happy Clem. J-L TRUC
Il y a du Lucky Luke de la grande époque dans ce Gus, western épique que signe Christophe Blain. Un clin d’œil à Morris et à Goscinny, à la bande de Joss Jamon, pour ceux qui s’en souviennent. Gus est un bandit au cœur de midinette qui braque les banques et tombe amoureux fou de donzelles improbables. Flanqué de Clem et de Gratt, il va vivre cinq aventures superbement rythmées. Avec fougue et panache, Blain a pris sa place dans un univers difficile. Humour, action, tendresse, un dessin à la fois nerveux et riche, il y aura des suites à ce western enthousiasmant.
Gus, Tome 1, Nathalie, Dargaud, 13,50 €
Il est de retour le cow-boy solitaire. Gus Flynn, regard perdu et long nez au vent, est le héros des quatre aventures pittoresques du tome 3 que signe Christophe Blain rassemblées sous le titre générique d’Ernest.Un caractère cet Ernest que Gus va rencontrer pendant sa folle jeunesse. Chef d’une bande d’outlaws qui se déguisent en Indiens pour faire porter les plumes à d’autres, Ernest sent vite que le vent va tourner. Devenu tenancier d’un bordel de luxe dont il choisit les femmes avec délectation Ernest embauche le jeune Gus qui a des dispositions naturelles à être un roi de la gâchette. Commence alors entre Ernest et Gus une association qui va mal tourner. Histoire de femme bien sûr et puis Gus finit par en savoir trop. Beaucoup de force, de sentiments, dans cette histoire d’hommes typique de l’univers du western que Blain s’est appropriée en lui apportant finesse et relief.
Gus poursuit son chemin dans les autres épisodes. On le retrouve moustachu à une table de poker. C’est peu de temps après qu’il ait quitté ses deux compères Clem et Gratt. Toujours les femmes, porte-bonheurs de sa réussite au jeu. L’œil noir, gilet brodé, il est une légende. Un dessin qui colle au cadre. On se rapproche du personnage de Wyatt Earp ou de Doc Holliday. Ambiance garantie. Et, vlan il tombe amoureux d’une « littéraire ». Il s’y croit Gus sauf que la belle est frigide. Comme une étoile de shériff. Superbe. Plus dure sera la chute et la suite. Dans les deux dernières nouvelles Gus perd la main. A tous niveaux. Son point faible, les femmes qui le transcendent quand il joue, est découvert. En prime il n’est plus le roi du Colt. Paumé le Gus et à la merci de petits crétins qui voudraient se faire une réputation en le flinguant. Il finit embauché par des fermiers originaires d’Europe centrale pour les défendre contres des éleveurs de bétail dans un patelin perdu. Son seul copain sera un gamin à lunettes, Anton, un élève qui pourrait dépasser le maître. Sauf que… On vous laisse découvrir la fin.
Dire que la maîtrise de Christophe Blain est totale est une évidence. Tout y est. Les attitudes, les petits détails comme on les aime ou les grands espaces. On est plongé dans le vieil Ouest mais à la sauce Blain, c’est-à-dire enlevée, colorée, enjouée parfois, toujours subtile et le trait concis.
Gus, Tome 3, Ernest, Dargaud, 14 €
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