Deux titres qui ne sont pas au sens propre du terme des BD mais qui méritent qu’on s’y arrête. Emmanuel Guibert a recensé dans un beau bouquin, tome 2 de légendes, des portraits de dormeurs dans les transports en commun. Une balade sur le vif pour des témoignages d’abandon total enrichis par ses textes très personnels. Avec Rêverie (qui peut aussi avoir un lien avec le sommeil), Sibylline Meynet propose un art-book tout en nuances et beauté sur ses créations multi-origines. Son histoire et des réponses pour celles et ceux qui ont une fibre artistique à développer.
Transports en commun métro, boulot, dodo, avion, bus, Emmanuel Guibert a croqué sur le vif des endormis qui se lâchent car inconscients. Tablette de TGV, banquette d’aéroport, bonheur ou malheur, impossible de le savoir. Calme et repos, fatigue et abandon, les visages se figent sous le crayon et ne peuvent plus bouger imprimés sur papier. Noir et blanc, couleurs, des textes de Guibert qui se livre aussi, la mort le préoccupe et le sommeil en est les prémices. Chaque portrait pourrait raconter une vie à condition de se l’approprier ou n’être qu’un moment fugace qui se répète. Dessins d’enfants pour ces Légendes, scènes enlevées rares, Guibert philosophe simplement sur sa propre existence, ses ressentis, ses expériences, émotion et pourtant léger, un bouquin qui séduit, peut déranger, interpeller mais avec intelligence pendant 240 pages.
Légendes, Tome 2, Dormir dans les transports en commun, Aire Libre Dupuis, 35 €
Rêverie, Sibylline Meynet comme finalement Guibert se raconte, livre ses dessins comme autant de preuves de sa sincérité. Tout son art est ainsi décliné dans ses 162 pages. Comment elle travaille, s’organise, est inspirée, des chapitres thématiques, elle conseille, scandent les pages de ses dessins dont ses premiers. Sibylline Meynet est une illustratrice, s’expose en galeries, utilise des carnets de croquis et des outils numériques. Des femmes, des héroïnes pour des histoires, chevaleresques ou d’aujourd’hui, ses influences de Klimt à Basquiat. Et enfin son style, comment elle l’a trouvé. Beaucoup de douceur, de la magie pour aller au plus profond du monde enchanté de son dessin. Un voyage là aussi mais où le rêve s’appuie sur le dessin, le forme et l’embellit. Du bel ouvrage séduisant au possible.
Rêverie, Tout l’Art de Sibylline Meynet, Dargaud, 25 €
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