Allez, tous à la plage dans l’une de ces stations balnéaires bien connues qui ont souvent transformé irrémédiablement, et pas pas souvent pour le meilleur le littoral. Dans Azur, Maxime Gueugneau et Simon Bournel-Bosson illustrateur se sont lancés sur l’histoire, les origines de quatre « fleurons » méditerranéens, La Grande-Motte et ses pyramides, Les Saintes-Maries-de-la-Mer, Fos-sur-Mer, Port Grimaud et Menton. Un reportage en planches et inclusions, illustrations et interviews, témoignages divers sur des endroits qui, l’été, sont submergés de touristes avides de coups de soleil, de tarifs hors de prix mais de flots pavillon bleu. Une enquête teintée d’une ironie bien venue dans laquelle on s’est plongé, plouf, avec plaisir, et pour cause.
La Grande Motte est sortie du néant, sur la petite route qui reliait Carnon (dans l’Hérault) le long de la mer au Grau-du-Roi, petit port du Gard. Une route longtemps bordée d’énormes blockhaus, et oui, dont nos amis allemands avaient déjà bétonné le littoral en leur temps. On est dans les années soixante, on casse les fortifications délabrées et Monsieur Balladur sur conseil de la mission Racine, après une vision de notre grand Général décide de construire des pyramides, créer une station balnéaire bâtie sur le sable. Les moustiques à coup de DDT ont peur, on comble les étangs et c’est parti pour un tour. Montpellier est à vingt minutes. Les deux auteurs passent au crible les lieux. On leur dira que franchement, quand on a la chance de passer depuis l’enfance tous ses étés à Carnon en première ligne, La Grande Motte c’était tout juste un repère visuel sur nos dériveurs et une boite de nuit au Casino. Passons car c’est vrai qu’aujourd’hui c’est devenu en fait une petite ville pas si désagréable, bien organisée où il fait bon vivre surtout l’hiver.
Deuxième étape, les Saintes. Alors là, oui il y a des plages mais surtout Sara, la Vierge Noire dans sa très belle église médiévale où on pouvait monter sur le toit, le pèlerinage des Gitans, Manitas qui avait fait ses gammes entre autres à Aigues-Mortes pas loin, dans un célèbre réstaurant La Camargue. Aux Saintes on est dans les Bouches du Rhône. Il y a du sable et des taureaux, des manades pour la Bouvine, des mas reconvertis en hôtels et (à ne pas oublier) le superbe parc ornithologique de Pont de Gau fermé actuellement, autrefois très bonne auberge. Là aussi, le duo passe au crible, raconte, décrit, donne le nom de L’Hosteria, bon restaurant. Un point important, Les Saintes gardent leur histoire et leur authenticité même si le folklore piège à touristes prend parfois le dessus.
On ne s’attardera pas à Fos-sur-Mer. Lavera, de la fumée, des pétroliers, pollution, le vieux Fos n’en n’a pas cru ses narines. Port-Grimaud, on est dans un registre pied dans l’eau façon Cap d’Agde avec des couches successives. Il faut bien lire les textes, s’amuser des légendes avant de finir à Menton. Le tour d’Azur est fini. C’est vrai qu’on n’était pas en terre inconnue. Manquait plus que Le Cap d’Agde. Le bouquin est drôle, sérieux, la forme est audacieuse mais fonctionne à condition de se laisser accrocher par la longueur des textes. Le dessin est percutant. Mine de rien, c’est un reportage tout ce qui il y a de plus authentique.
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