Il y a deux noms de femmes américaines qui ont marqué la génération qui avait 18 ans au tout début des années soixante-dix, Jane Fonda pour ses prises de position, elle la star hollywoodienne, contre la guerre du Vietnam, et Angela Davis pour sa lutte exemplaire contre le racisme dans son pays. Angela Davis n’avait pas la notoriété protectrice familiale et professionnelle de Jane Fonda au demeurant tout aussi volontaire et courageuse. Angela Davis a doublé son combat d’une volonté politique revendicatrice insupportable pour le pouvoir US de l’époque, de Nixon à Reagan ou Hoover, comme Trump aujourd’hui. Être communiste, proche des Black Panthers, emprisonnée et sentimentalement proche d’un autre prisonnier politique abattu en prison George Jackson, être accusée d’avoir fourni des armes pour une prise d’otages, Angela Davis a été traquée, titre de l’album qui lui est consacré par Fabien Grolleau (Audubon) et Nicolas Pitz (Sombres citrouilles) . On suit à la trace le parcours d’une femme qui n’a jamais renoncé, ni abandonné son combat d’une vie.
En 1970 Angela Davis est recherchée par le FBI. En 1949, jeune enfant elle sait déjà ce qu’est la ségrégation raciale mais la refuse, prête à se battre dès qu’elle le pourra. Son père prône l’usage des armes pour répondre aux Blancs. Angela en 1970 est en cavale, recherchée pour meurtre, ce qui implique le risque d’une condamnation à mort. De 1949 à 1969, elle va vivre tous les grands moments de la lutte comme en 1961 à Montgomery. Birmingham va se révolter en 1963, Watts et les émeutes en 1965. Angela va rentrer de France où elle étudie et se rapproche des Black Panthers puis du Che Lumumba Club. En 1968, Martin Luther King est abattu à Memphis, Bob Kennedy candidat à la présidence à Los Angeles.
On aurait pu croire que tout ces évènements violents, la présidence d’Obama, l’intégration mettent si ce n’est un terme au moins un frein à un racisme latent, ancré au sein d’une grande partie de la population américaine. Les derniers évènements, dont la mort de George Floyd prouvent que non. Plus encore le combat d’Angela Davis était de donner la parole voire le pouvoir aux minorités, au peuple. Si elle reste un modèle en particulier par son intransigeance, il n’en demeure pas moins que l’égalité des droits civiques est non seulement actuel mais régresse. Un album passionnant et qui remet les pendules à l’heure alors qu’on semble découvrir un phénomène aux États-Unis qui se perpétue depuis plus de deux siècles.
Traquée, La cavale d’Angela Davis, Glénat, 22 €
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