Henri Matisse a eu un coup de coeur pour le Maroc. Et pour Zorah qui va lui servir de modèle. Matisse fera deux voyages à Tanger le premier en 1912. Un album où la vérité va côtoyer le reconstitué par les auteurs Fabien Grolleau (Highland Games) au scénario et Abdel de Bruxelles au dessin (La Petite Bédéthèque des savoirs). En souplesse car l’imagination se cache sans que l’on puisse évidemment la déceler dans ces pages séduisantes, cohérentes et à la mise en page éclairée, au trait léger mais appuyé pour mieux restituer le romanesque ou le réalisme de l’histoire.
Grand Hôtel Villa de France à Tanger, le réceptionniste Hassan semble attendre des clients importants. La belle Zorah flane et regarde les paquebots qui pourraient l’emporter loin du Maroc. Sur l’un d’eux il y a Henri Matisse et son épouse. A son arrivée le jeune Amido les reçoit et conduit à la Villa de France. Amido a aussi un oncle peintre. Hassan ne dit à personne que Matisse sera à l’hôtel. Matisse a un vrai choc esthétique dans les rues de Tanger. Odeurs, images, Matisse se met à croquer ce qu’il voit et met du temps à rejoindre l’hôtel. Matisse a l’impression de se retrouver dans les carnets de Delacroix. Mais la pluie se met à tomber, cassant le charme ensoleillé de la ville. Matisse veut rentrer à Paris.
Mais Matisse restera, sa femme elle repartira. Matisse aura Zorah pour modèle, une femme de Tanger, jouera du violon et tombera sous le charme de cette jeune femme belle mais têtue. Des contes vont venir se mêler au récit, les Mille et une nuits marocaines distillées par Zorah. Un duo étrange, sensuel et inédit, triste aussi car il y aura si ce n’est trahison, au moins désillusion. Un voyage à la fois poétique, étrange mais troublant.
Tanger sous la pluie, Dargaud, 21 €
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