C’est le roman de Yasmina Khadra qu’ont adapté Véronique Grisseaux et Arnaud Floc’h. Dieu n’habite pas La Havane est à la fois une chronique sociale, politique évidemment et un thriller. Personnages déjantés, au bout du rouleau, décors languissants et retapés cubains, Buena Vista Café, capitalisme de retour, sur tout ce monde qui part à la dérive, un vieux mais excellent chanteur de rumba, un brin romantique désespéré, va tenter de tirer son épingle du jeu. Une mise en place qui prend son temps mais qui impose le rythme, le tempo d’un bouquin qu’on ne lâche plus.
Juan Del Monte Jonava flirte avec la soixantaine dans un Cuba qui part en quenouille et qui commence à dériver vers un capitalisme de retour. Chanteur reconnu, il travaille au célèbre Buena Vista Café qui est racheté. Son patron Pedro lui annonce qu’une dame de Miami a payé et les a tous virés. Et l’état n’a rien dit. Du coup Juan est au chômage car pas certain qu’il soir repris une fois les travaux faits. On privatise et on ne discute pas à Cuba. Difficile de trouver une autre scène où chanter. Il se confie à Panchito, un trompettiste hors normes mais à la retraite. Juan vit chez sa sœur et dort parfois dans un vieux wagon de tramway abandonné. Il tombe sur une jeune femme qui squatte les lieux, Mayensï. Juan a aussi une fille de treize ans, Isabel, un fils Ricardo, et son ex-femme l’aime encore.
Tout bien sûr va tourner autour de Juan, brave type, et la belle Mayensï, tordue à souhait. Dérapage plus ou moins immédiat, cœur en bandoulière, et suite à découvrir. Il a du pain sur la planche Juan et la pression monte rapidement. On accélère, on tâtonne et surprise. Le dessin de Arnaud Floc’h (Monument amour) est chaleureux comme d’habitude, par moment exotique, c’est normal pour restituer un Cuba de tous les contrastes et paradoxes. Peut-on vraiment rêver même sous le soleil castriste redorer à la US ? Un album qui donne très envie de lire le roman.
Dieu n’habite pas La Havane, Michel Lafon, 20 €
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