Prix

Angoulême 2020, le tiercé des nominés pour le Grand Prix avec Guibert, Meurisse et Ware

Le trio gagnant des nominés pour le Grand Prix d’Angoulême 2020 vient de tomber. Emmanuel Guibert, Catherine Meurisse et Chis Ware sont en tête d’affiche. On se réjouit particulièrement de voir Catherine Meurisse y figurer pour son talent, sa sensibilité. Le vote final risque d’être serré.

Depuis 2014, le Grand Prix du Festival d’Angoulême est attribué à la suite d’un vote de la communauté des auteurs et autrices professionnels de bande dessinée. Tous les auteurs et autrices de bande dessinée professionnels, quelles que soient leurs nationalités et dont les œuvres sont traduites en français et diffusées dans l’espace francophone, sont admis à voter pour l’élection du nouveau Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.

Le vote s’effectue en deux tours et sous forme électronique. Le lauréat est un auteur ou une autrice vivant au moment du vote, récompensé(e) pour l’ensemble de son œuvre et son empreinte sur l’histoire de la bande dessinée.

L’ensemble de la communauté des autrices et auteurs est éligible, à l’exception de ceux déjà récompensés par un Grand Prix, qu’il soit exceptionnel (prix du 10e, 20e, 40e anniversaire ou du millénaire – sauf le prix du trentenaire dit prix des fondateurs) ou non.

Pour le premier tour, un vote en ligne avait été ouvert du mardi 7 au dimanche 12 janvier 2020 à minuit. Il a été demandé à chaque votant de donner librement, sans ordre de préférence, trois noms d’auteurs·trices pour concourir au titre de Grand Prix. Emmanuel Guibert, Catherine Meurisse et Chris Ware ont donc été retenus. Pour le second tour, les trois auteurs·trices ayant obtenu le maximum de suffrages au premier tour sont soumis au vote du même collège du mercredi 15 au dimanche 20 janvier 2020 à minuit. Le lauréat sera celle ou celui qui aura obtenu le nombre de votes le plus élevé. Le nom du nouveau Grand Prix sera annoncé le mercredi 29 janvier 2020 vers 18 heures à l’occasion de l’ouverture officielle du Festival.

Voici les biographies des nominés transmises par le Festival :

Emmanuel Guibert

Emmanuel Guibert. Photo Thesupermat ®

Né en 1964 à Paris (France), Emmanuel Guibert débute sa carrière avec une œuvre exigeante sur la montée du nazisme, Brune, qui lui prendra sept ans de travail. Au contact de ses camarades de l’atelier des Vosges, il décide de changer de technique et publie, entre 2000 et 2008, une série de planches inspirées par les souvenirs de son ami Alan Ingram Cope, La Guerre d’Alan. Fort de ce succès critique et commercial, il continue dans cette veine inspirée de vies avec Le Photographe, d’après des entretiens avec Didier Lefèvre, qui reçoit un Prix Essentiels du Festival en 2007. Grand technicien, reconnu par ses pairs comme un dessinateur innovant et précurseur, Guibert est également un scénariste prolifique.

Il crée avec Joann Sfar Les Olives noires, La Fille du Professeur et Sardine de l’Espace, ainsi qu’Ariol, avec Marc Boutavant, et ces deux dernières séries jeunesse vont mettre en lumière ses talents de conteur et de narrateur. Il est lauréat 2017 du Prix René Goscinny et a été mis à l’honneur par le Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême en 2018 à travers une exposition rétrospective. La série culte Sardine de L’Espace de Emmanuel Guibert, Joann Sfar et Mathieu Sapin, sera mise à l’honneur à l’occasion du lancement du dessin animé au Festival cette année. Avant-première dimanche à 11h30 au CGR.

Catherine Meurisse

Catherine Meurisse. Dargaud/Rita Scaglia ©

Embauchée à Charlie Hebdo en 2005, à 25 ans, alors qu’elle est tout juste diplômée des Arts Déco, Catherine Meurisse débute sa carrière par la bande dessinée d’humour. L’histoire de l’art et la littérature sont ses terrains de jeux préférés et au fil de ses différents albums – Mes hommes de lettres, Le pont des Arts, Moderne Olympia –, elle offre une relecture érudite et irrévérencieuse de la culture française. Cette fine critique se pose aussi en observatrice du monde contemporain. Son trait vif et malin sublime ses albums pleins de fantaisie, mais sait aussi se faire précis et fouillé lorsqu’il s’agit de reproduire des œuvres d’art.

Après l’attentat de Charlie Hebdo, auquel elle échappe, Catherine Meurisse met de côté son rôle de spectatrice critique. Se posant la question de l’identité, elle ne cherche plus à se cacher derrière l’art même si elle va alors rechercher « la beauté comme antidote à l’horreur ». Elle devient un personnage vivant et incarné de ses bandes dessinées, se reconstruisant en plaçant sa propre personne au cœur de ses récits – sans pour autant abandonner l’humour. Dans La légèreté, Catherine Meurisse se met en scène sans masque, expliquant comment elle utilise l’art pour se retrouver, se sortir du chaos. Son approche picturale évolue. Elle se dessine dans des décors sereins, où le beau règne (musées, paysages dépouillés). Son trait comme libéré se fait virtuose et onirique. Une approche plastique qu’elle développe encore dans Les Grands espaces, autre récit autobiographique et très personnel qui revient sur son enfance à la campagne, où, bien entendu, les livres et l’art sont aussi formateurs que la nature. Catherine Meurisse est désormais une artiste qui utilise la bande dessinée comme lieu où comprendre son rapport au monde.

Exposition : Catherine Meurisse, chemin de traverse, Musée du Papier du 30 janvier au 30 mars 2020
Masterclass Catherine Meurisse : samedi 1er février à 15h30, salle Buñuel, Espace Franquin

Chris Ware

Chris Ware. Photo Yves Tennevin ©

Né en 1967 à Omaha (États-Unis), Chris Ware est publié très tôt dans RAW, la revue d’avant-garde d’Art Spiegelman et Françoise Mouly. Il entame au début des années 1990 une œuvre d’envergure avec la série des Acme Novelty, vraie-fausse revue à la forme et à la pagination changeante qui installe les personnages bientôt fameux de l’auteur : Quimby the Mouse, Rusty Brown et surtout Jimmy Corrigan. Tous se démarquent par leur timidité, par leur fragilité et par l’empathie immédiate qu’ils suscitent chez le lecteur.

Depuis 25 ans, c’est ainsi une œuvre originale, qui oscille entre une douce mélancolie et une profonde tristesse, que propose Chris Ware, s’attachant toujours à regarder au microscope le quotidien de ses personnages et leurs gestes les plus dérisoires. Par ailleurs, ses livres se distinguent par leur générosité, avec un graphisme immédiatement reconnaissable et une fabrication soignée. La force et la densité de cette œuvre n’ont jamais échappé à la critique. Salué à chaque nouvelle parution, Chris Ware a reçu de très nombreux prix, dont 28 Harvey Awards et 22 Eisner Awards. L’auteur publie en 2012 le remarqué Building Stories, un livre-objet impressionnant constitué d’une quinzaine de livres de formats divers pouvant être lus dans un ordre choisi par le lecteur – ce dernier livre a reçu le Prix Spécial du Jury au Festival d’Angoulême en 2013. Fin 2020 paraîtra aux Éditions Delcourt son nouvel ouvrage, déjà paru aux États-Unis, Rusty Brown.

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