La tragédie indienne, la volonté américaine d’éradiquer tout souvenir culturel des habitants ancestraux des États-Unis, dans Carlisle on comprend jusqu’où peut aller la bêtise et la cruauté sur fond de bonne conscience. En 1903, un fils de bonne famille, Jonas, rejoint avec sa femme l’école industrielle indienne de Carlisle. Elle est dirigée par un ancien militaire qui porte fièrement son uniforme. Discipline de fer pour les jeunes Indiens qui y vivent et doivent se débarrasser de leurs coutumes, croyances, apparences. Le colonel Pratt secondé pour la sécurité par un imbécile hargneux et violent croit en l’assimilation par un lavage de cerveau total. Le jeune Jonas qui croit à l’éducation des Indiens va découvrir la triste réalité de cette école qui renvoie des femmes et des hommes dans leurs réserves complètement perdus et déstabilisés.
Jonas deviendra le défenseur des jeunes Indiens. Il remettra aussi en cause son propre couple et beaucoup plus tard sera assimilé, mais dans le sens contraire, au sein de la nation indienne qui veut retrouver son identité. Édouard Chevais-Deighton et Laurent Seigneuret reviennent sur un fait historique. Carlisle a bien existé. Un dossier de huit pages en fin d’album décrit les méthodes de Pratt, la vie au quotidien de cet institut qui fermera en 1918. Le auteurs y ont ajouté une part romancée qui s’intègre bien à la chronique étonnante de cette école très spéciale. Le dessin est sans surprises, classique.
Carlisle, Tome 1, Tasunka Witko, Grand Angle, 13,90 €
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