Jean-Claude Götting a le sens des ambiances, du récit et de la progression mesurée dans l’intrigue. Avec Watertown, son dernier album dont les originaux sont présentés dans une exposition à Paris chez Barbier et Mathon, Götting met en œuvre ses qualités d’écriture adossées à un trait noir souligné par des grisés. Son héros, Philip Whiting, a-t-il découvert qu’un drame se cache derrière la mort accidentelle de son vendeur de muffins préférés ? Un suspense maîtrisé et déconcertant.
Quand il entend Maggie, vendeuse dans la pâtisserie de Mr Clarke à Watertown, lui dire que demain elle ne sera plus là, Philip ne fait pas attention à la remarque. Sauf que le brave Mr Clark meurt écrasé par une étagère dans sa cuisine. Accident et on classe l’affaire même si Maggie a disparu. En se promenant deux ans plus tard à Stockbridge, charmant village des Berkshires, Philip croit reconnaître Maggie qui se fait appeler Marie et tient une boutique d’antiquités où un album de photos anciennes a retenu son attention. Marie nie être Maggie mais Philip, persuadé du contraire confie ses soupçons à un journaliste de Watertown qui lui aussi meurt dans de bizarres circonstances.
On pensera de suite à un suspense à la Sir Alfred. Götting a le don de la manipulation, celui de son héros et donc de ses lecteurs. Philip est un brave type qui se voit confronté à effectivement une situation hors normes dont il tire les fils, lucide mais envoûté par son histoire. Tout est dans le nuance avec Götting, comme son dessin qui colle parfaitement avec le style d’un film noir des années quarante ou cinquante. Il y va méthodiquement, Jean-Claude Götting et sa balade à Stockbridge (ville où le grand dessinateur américain Norman Rockwell avait son atelier) est bourrée de surprises à découvrir.
Watertown, Casterman, 18 €
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