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Route vers l’enfer, un Père Noël à mettre sous le sapin

Un Père Noël peut en cacher un autre. Celui de Goossens a vu le jour en 1985, un bonhomme certes de rouge vêtu mais complètement à l’Ouest. Et justement à l’Ouest il y avait du nouveau car ce Père Noël fait partie d’une unité de choc qui va tenter une opération suicide style Douze Salopards et Inglourious Basterds réunis. Mais comment un Père Noël pourrait-il accepter le risque de blesser, ou pire, des enfants ? Route vers l’enfer a été retiré en 1993 et en cette fin d’année. Une découverte pour certains, un bonheur de la retrouvaille pour beaucoup d’autres. Une tête de tueur évadé, entoure par des clones de John Wayne, Robert Ryan, Errol Flynn pour une parodie de film de guerre années 50. Une couverture toute neuve et une préface de Michel Hazanavicius à qui l’on doit le retour drôlissime de OSS 117 au grand écran. Que demander de plus ? Si, un paquet sous le sapin qu’il apportera lui-même le Père Noël.

État-Major réunis, des Yankees bon teint et le Père Noël à tête de bagnard évadé mais avec la hotte sur le dos. L’offensive va avoir lieu, on va les casser les ennemis. Mais il a un soucis Noël. Il pourrait y avoir des enfants sur le trajet sanglant de l’offensive. Il a choisi son camp et n’a pas peur de la mort. Il ne sait pas jouer de la trompette alors il sera porte-drapeau. Pas réglé pour autant car il est à l’écart. Qui est vraiment le Père Noël qui aime tant les enfants, rien de malsain bien sûr. Irraisonné seulement mais pas lâche. Il hait la violence et ne sera jamais général Noël. Tirer sur des mioches, un nom qui désigne les petits enfants, impossible. Une attente trop longue avant de monter au front, il pète un plomb.

Une phrase d’anthologie signée Goossens : « Je propose », dit le général, « que nous fassions exactement ce que l’ennemi s’attend à ce que nous fassions car jamais il ne s’attendra à ce que nous fassions ce à quoi il s’attend que nous fassions. » A graver dans le marbre. Tout est à l’avenant dans ces histoires courtes qui se suivent. Il joue au poker, c’est une tête brûlée mais un homme simple et complexe. Un philosophe aussi qui va tenter une mission de la dernière chance sur son traineau. Sera-t-il au rendez-vous du 24 décembre ? Dieu et lui seul le sait. Ah oui, Goossens aussi. Un bijou d’humour, de sensibilité mine de rien, absurde, loufoque mais quel talent.

Route vers l’enfer, Nouvelle édition, Fluide Glacial, 16,90 €

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