Si l’on creuse un tantinet l’Histoire de l’Europe des années de l’après-guerre, la seconde et mondiale, depuis la chute du Reich à celle du Mur de Berlin, c’est ce dernier évènement qui est largement ancré dans les mémoires. Et de plus en plus souvent, de façon très vague sur le pourquoi et le comment de ce jour de novembre 1989, sur les raisons de la création de ce Mur, sur cette Allemagne coupée en deux depuis 1945 avec une DDR état leader d’un communisme au final à bout de souffle mais intraitable. Avec la Patrie des frères Werner, Philippe Collin et Sébastien Goethals, dont on avait salué le remarquable Voyage de Marcel Grob, replacent dans leur contexte individuel, au quotidien, de façon magistrale, humaine, historique ce que l’on appelé la Guerre froide. Une Europe sur laquelle planait le risque d’une troisième guerre mondiale avec, caricaturons, les chars russes à Paris. Le destin de deux jeunes frères allemands, échappés aux ruines de Berlin en 1945 est conditionné par le communisme comme avant brisé par le nazisme. Une vraie leçon de vie. On lit et on voit les images fortes un double témoignage qui marque, permet de comprendre comment l’Europe a pu aussi se bâtir mais reste un édifice fragile. On le constate tous les jours.
Les Russes sont dans Berlin en mai 45. Seuls, alors que les troupes US ont volontairement freiné leur avance. Un deal avec Staline qui veut avoir une partie de l’Allemagne du Nord sous obédience communiste et investir la ville symbole du Reich. Andreas et Konrad, le plus âgé des deux frères, sont paumés, leur famille a disparu alors que les combats font rage dans la capitale du IIIe Reich. Les deux gamins, unis pour le pire, apprennent à survivre. Pour soigner Andreas malade, au début des années 50, à la mort de Staline, Konrad est arrêté à Leipzig dans la pharmacie dévastée où il a trouvé des médicaments. Leipzig est en Allemagne de l’Est sous régime communiste. On lui met le marché en main. Il s’enrôle dans la Stasi, police d’état et de renseignement politique si il veut que son frère ne soit pas placé en orphelinat. Désormais son mentor est le colonel Gronau. Au bout d’un an Andreas et Konrad sont tous les deux sous l’uniforme de la Stasi et leur endoctrinement est en marche. Le socialisme est la seule vérité allemande et internationale face au capitalisme qu’il faut éradiquer. Viendra ensuite le temps du Mur pour éviter toute tentative de fuite vers l’Ouest démoniaque.
On pourrait croire que La Patrie des frères Werner est un thriller à la John Le Carré. On se souvient de L’Espion qui venait du froid. En réalité on en est loin même si espionnage et infiltration font partie du jeu mortel auquel sont confrontés les deux frères. On sera surtout étonné par le rappel de ce match de foot historique entre RDA et RFA (des termes oubliés) en 1974 pour la Coupe du Monde qui se jouait en Allemagne de l’Ouest. Le discours de Philippe Collin est subtil, affiné, car on a oublié si ce n’est occulté, pardonné ce qu’ont été ces années rouges, la réunification était à ce prix après tant d’opérations de déstabilisations. Il faut avoir vécu en Allemagne de l’Ouest au début des années 60 pour bien comprendre ce qu’a été le poids de la RDA plus jusqu’au-boutiste contre certains pays frères qui voulaient se libérer du joug soviétique, que les dirigeants du Kremlin. Ulbritch, Honecker, l’Histoire passe. Un album très fort et juste.
La Patrie des frères Werner, Futuropolis, 23 €
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