En 1934 la France échappe de peu contrairement à d’autres pays bien connus au fascisme. Les Ligues d’extrême-droite en février 1934, dont l’Action Française, sont refoulées à Paris lors d’une manifestation où elles voulaient prendre le pouvoir. Tel est le point de départ de cette nouvelle série, Une Génération française qui à travers le destin de trois héros différents se replonge à chaque album dans l’univers d’avant la seconde guerre mondiale. Thierry Gloris a écrit le scénario et Eduardo Ocaña dessine d’un trait séduisant, précis et clair ces tranches de vie sur fond de bouleversements historiques, familiaux et nationaux.
Martin Favre assiste avec son père à la manifestation de 1934. Étudiant en langues à Paris, il se lie avec un jeune Allemand, Kurt Dietrich, et est amoureux d’Élisabeth qui se fait un malin plaisir de le repousser. Séducteur, Martin vole d’un cœur à l’autre dont celui de la mère de l’un des enfants à qui il donne des cours. En 1938, Munich a vu la France capituler devant Hitler. De Gaulle veut convaincre le gouvernement du rôle capital des chars dans le conflit qui s’annonce. Martin et Kurt sont pris dans une bagarre et Otto Abetz de l’ambassade d’Allemagne les fait libérer. Il fait des offres de service à Martin qui refuse. Le général Gamelin ignore les préconisations de De Gaulle. En septembre 1939 la guerre éclate et Martin est affecté dans l’artillerie. Il s’y fait un copain, Léon Cohen. Ils sont sous les ordres d’un lieutenant prétentieux, raciste et incompétent. L’offensive allemande déferle.
On se doute un peu que après la défaite de juin 40, Londres risque d’être la prochaine étape de Martin. Et que son amitié avec Kurt risque de les faire se retrouver mais dans des uniformes ennemis. Ce premier volet est bien fait et donne avec une totale crédibilité l’environnement où se passe l’action. On est dans la drôle de guerre que peu de gens en France ont voulu voir venir. Martin est l’un des ces jeunes gens pris dans la tourmente et qui vont soit pencher pour un camp ou l’autre, ou attendre que le vent tourne. Les héros n’ont pas été très nombreux en 1940. Beaucoup plus en août 1944. Thierry Gloris a biens senti son sujet et trace un portrait intelligent d’une époque très française. Nous vaincrons car nous sommes les plus forts, on chantait en 1939. Il a fallu justement déchanter. A noter que la couverture, belle et très affiche 1939, est signée par Fabrice le Henanff.
Une Génération française, T1 Nous vaincrons ! Quadrants, 14,50 €
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