C’est une action militaire et politique américaine totalement oubliée mais plus encore absolument méconnue. Au début du XIXe siècle, les États-Unis envoient une poignée de Marines appuyés par des mercenaires et des tribus arabes tenter de récupérer l’équipage d’un navire US prisonnier à Tripoli. Et si possible au passage renverser le gouvernement. Youssef Daoudi revient en détails dans Tripoli sur cette épopée incroyable proche de celle de Lawrence d’Arabie.
En 1801, les pirates barbaresques dont des Libyens règnent sur la Méditerranée. Les USA passent des accords avec eux pour que leurs navires soient épargnés. Mais à Tripoli un incident avec le pacha met le feu aux poudres et l’USS Philadelphia est capturé avec ses matelots. Le président Jefferson décide une expédition punitive sous les ordres de William Eaton, ancien consul de Tunis, accompagné d’une poignée de Marines et de Hamet Karamanli, frère du pacha, et roi légitime de Tripoli. Appuyé par des troupes hétéroclites, Eaton commence une lente et difficile campagne qui va le mener d’Alexandrie à Tripoli. Mais malgré le succès de son expédition, la politique reprendra ses droits et Eaton sera obligé d’abandonner ses amis alors qu’il est victorieux.
Première opération extérieure de l’armée américaine depuis la création des États-Unis, l’expédition se heurtera surtout à l’opposition du Congrès pas vraiment mis dans la confidence par Jefferson. En prime la diplomatie américaine pragmatique a préféré payer que s’embarquer dans une aventure qui pouvait mal tourner malgré son succès initial. Enfin Eaton ne faisait pas l’unanimité mais, honnête, n’a pas supporté de trahir les tribus arabes qui lui avaient fait confiance. Youssef Daoudi a signé une œuvre captivante, bien maîtrisée par la cohérence scénaristique et un dessin réaliste qui capte l’attention.
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