Frank Giroud avec Laurent Galandon au scénario et Frédéric Volante au dessin ont mis en scène un personnage atypique et pourtant d’actualité, L’Avocat (Le Lombard). Défenseur des faibles, des opprimés et, en prime, des bourreaux en mal d’accusations injustifiées, maître Léopold Sully-Darmon arrive sur la scène très médiatisée des prétoires. Giroud avec Volante ont répondu à son sujet aux questions de ligneclaire.info pendant le festival Quai des Bulles à Saint-Malo. Propos recueillis par JL. TRUC.
Frank Giroud, vous avez dit vous être inspiré de Maître Vergès pour votre héros, Sully-Darmon ?
F.G : Oui, il est un peu à l’origine de cette histoire. Comme Vergès, Sully-Darmon a sa part d’ombre et il est métis. Nous avons co-scénarisé avec Laurent Galandon L’Avocat en reprenant une façon de travailler que j’avais mise en place à Paris. J’avais créé un cercle de lecture où nous présentions nos travaux que nous critiquions mutuellement dans le bon sens bien sûr. Quand j’ai déménagé dans la Drôme, j’ai refais la même chose et nous avons travaillé ensemble avec Laurent.
Avec votre avocat quel type d’histoire vouliez-vous écrire ?
F.G : Celle d’un bourreau, montrer comment un être ordinaire bascule. Et bien sûr l’histoire d’un avocat qui va devoir défendre ce bourreau. C’était notre but.
Côté dessin comment avez-vous rejoint le projet, Frédéric Volante ?
F.V : J’avais déjà travaillé avec Galandon. Il m’a appelé. On a fait des tests sur quelques planches et cela a marché.
Travailler à deux scénaristes c’est compliqué, Frank Giroud ?
F.G : Pas vraiment. On écrit ensemble le synopsis. On discute face à face de nos idées. Quand l’histoire est bâtie on finalise et on s’envoie le scénario mutuellement. On découpe le synopsis finalisé et chacun prend une partie des planches.
F.V : Le scénario est très précis et contient toutes les informations nécessaires à par exemple la création des personnages.
Vous parliez de Vergès qu’on a souvent vu à la télé mais est-ce que tous les avocats n’ont pas des points communs avec votre héros ?
F.G : Si, bien sûr si ce n’est que par la médiatisation des affaires, les fuites plus ou moins organisées, ce qui est dommageable au secret de l’instruction. Il leur faut multiplier les affaires en particulier pour ceux qui défendent des gens sans revenus ou par passion. Pour Vergès on en revient toujours à la partie mystérieuse de sa vie pendant laquelle il a disparu.
Un avocat, on le voit, peut aussi se faire balader par un client ?
F.G. : Oui. Le nôtre part en Iran sur les traces de la sœur à priori jumelle de sa cliente accusée de tortures. Il est manipulé, tombe sur un pisteur qui rend bizarrement son enquête plus facile et ses conclusions évidentes au point que sa cliente semble innocente mais ce n’est pas si simple. Il a envie en fait qu’elle soit innocente mais…
On saura qui tire les ficelles mais au total il y aura trois albums donc le suspense va durer ?
F.V : On va en savoir plus sur le passé de l’avocat dans le tome 2. Sera-t-il honorable, tout dépend du côté où on se place. On en saura plus sur son enfance et sur son père, personnage ambigu aussi, tortionnaire lui-même en Afrique. On sait déjà que sa mère qu’il a sa charge et une joueuse invétérée.
Sully-Darmon est un héros qui peut devenir récurrent d’une série ?
F.G : Bien sûr, cela dépendra des lecteurs. Il vit aussi une histoire d’amour et a un passé occulté. Il cherche à dévoiler des affaires avec une soif certaine de sensationnel, de spectaculaire. Je n’avais pas envie de coller à l’actualité qui s’impose d’elle même. Il défend un certain idéal dont la laïcité. Il a aussi un ego important.
Il va retourner en Irak dans le tome 2 mais cette fois il sera en pleine action, dans un milieu dangereux et hostile ?
F. V : J’en suis à la planche 14 et l’album sortira en septembre prochain. J’ai axé mon dessin sur les personnages, pas sur les effets spéciaux. Je n’ai pas eu besoin de forcer mon dessin. L’histoire était prioritaire.
F.G : Le marché de la BD est difficile. Une très bonne histoire avec un très bon dessin peut ne pas sortir du carton chez un libraire tant la production est importante.
Après L’Avocat, quels sont vos projets ?
F. G : Une fiction sur le radeau de la Méduse et un polar psychologique qui se passera début XIXe. Un autre monde.
L’Avocat, Tome 1, Jeux de loi, Le Lombard, 15 €
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