On en est resté avec Carlos Giménez aux Temps Mauvais, chronique madrilène des années de guerre civile espagnole. Un incontournable sur le sujet. Sans oublier Paracuellos ou Pepe. Avec Amor, Amor, on change de registre et on revient aux débuts de Giménez dans Fluide, Gotlib qui publie sa première histoire de dix-sept pages, un record. Des couples en furie, en manque, qui se trompent, se mentent, des tranches de vie qui pourraient presque rappeler, à la même époque Lauzier. On est dans les années quatre-vingt, le temps béni de la libéralisation sexuelle se heurte au monstre du Sida. Reste que c’est l’amour qui a toujours fait courir le monde. Giménez manie humour décalé, tendresse pour la première fois d’un jeune ado, et embrouilles majeures pour des machos qui se font avoir en pensant être les rois de l’arnaque aux sentiments. Avec cette intégrale, on redécouvre une des multiples facettes d’un grand auteur qui n’hésite pas à aborder des sujets difficiles avec ses histoires courtes.
C’est la fameuse première histoire publiée dans Fluide par Gotlib. Un jour, quelque part, un rendez-vous, Martin est interviewé pour son dernier roman. Le téléphone sonne et une voix ravissante se pâme pour lui, tenant des propos qui montent en puissance et en érotisme. Les coups de fil se répètent. Martin donne rendez-vous à la voix mais comment sera sa propriétaire ? Du fantasme à la réalité, Marin doit absolument la rencontrer. Malgré un rendez-vous professionnel qui ne lui laisse que dix minutes avec la donzelle. Suspense intolérable. On peut aussi se faire des cadeaux en amour, et pas sympas. Brouiller les pistes, c’est un art curieux, avec ou sans préservatif. Un morale en forme de boomerang. Et quand un mari exige de son meilleur ami qu’il tente sa femme pour être sûr de son amour, il faut se méfier car le cocu n’est peut-être pas celui que l’on croit.
Dans l’intégrale aux deux albums Amor, Amor et Amour toujours, la morale est souvent sauvée quoi qu’on en pense. Ce sont les femmes qui mènent la danse et les mecs qui jouent les utilitaires. Giménez apporte son humour et sa cruauté parfois, qui remet les pendules à l’heure dans cette course perpétuelle au sexe, aux mensonges et aux entourloupes diverses. Une tragi-comédie, la vie en somme, dont s’explique en fin d’album l’auteur dans une interview. Une intégrale qui dénote.
Amor, Amor !! Intégrale volume 1, Fluide Glacial, 19,90 €
Articles similaires