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Les Filles de Salem, puritanisme fanatique

Quand on cite Salem et ses sorcières, un visage vient de suite à l’esprit, celui de Simone Signoret dans le film qu’elle tourna avec Yves Montand adapté du roman d’Arthur Miller. Le thème a été souvent abordé avec en toile de fond le puritanisme religieux exacerbé, fanatique, des pères fondateurs des futurs USA. Un puritanisme toujours bien ancré de nos jours. Les Filles de Salem de Thomas Gilbert s’inspire du procès authentique au XVIIe siècle qui verra la mort de jeunes femmes condamnées bien sûr à tort par une communauté dépassée par ses propres fantasmes, ses peurs, isolée et sous la coupe d’une religion sectaire. Thomas Gilbert trace un portrait émouvant, violent de ces jeunes martyres dont le seul tort aura été de vouloir vivre libres et heureuses.

A Salem on ramasse le maïs et des couples se forment parmi les jeunes pilgrims établis en Nouvelle Angleterre. Peter offre un petit âne en bois à Abigail qui aime se promener dans la forêt, près de la cascade, son royaume. Soudain apparaît un indien au visage peint en noir qui trouble la jeune femme. Sa mère est hystérique et la conduit au conseil qui doit décider du sort de son corps. L’assemblée des femmes la déclare prête à être cueillie. Désormais elle doit être invisible pour les hommes. Et on lui coupe ses longs cheveux. Elle a 13 ans et son cauchemar commence. Abigail a perdu sa vraie mère il y a des année. Au temple le révérend du village déclame des sermons intransigeants tout en refrénant ses pulsions. Betty, amie d’Abigail, protège Sarah un peu simple d’esprit. Au village on s’inquiète de l’homme au visage noir. La vieille Miss Horn prétend que le diable rode dans la forêt alors qu’Abigail se rapproche de plus en plus du jeune indien.

Un drame sans retour possible

Le drame va peu à peu monter en puissance, culminer et prendre une direction sans retour. Superstitions, haine, machisme, incompréhension et pression morale religieuse, tout est rassemblé pour que des victimes expiatoires soient sacrifiées. Thomas Gilbert a su par le dessin recréer ces ambiances terribles, angoissantes qui vont mener à la mort des innocentes. Le travail est remarquable car il y a un décryptage précis de ce qui va pousser une communauté à sacrifier les siens au nom de dieu, les accuser de sorcellerie. Terrible et pourtant nécessaire à montrer car la folie des hommes n’a pas vraiment changé depuis Salem. 200 pages bouleversantes.

Les Filles de Salem, Comment nous avons condamné nos enfants, Dargaud, 22 €

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