Kim Philby a été l’espion du siècle, le XXe, bien sûr, le plus médiatisé, son nom devenant une référence pour désigner l’agent double type qui partira en URSS en 1963 pour échapper à la justice, démasqué, c’est un comble, par la CIA. Philby est anglais BCBG, de famille de la haute bourgeoisie. Il a un père qui va lui donner son second prénom, Kim, en référence à Kipling qui raconte dans son célèbre roman comment le jeune Indien espionne pour les britanniques. Pierre Boisserie a écrit débuts, jeunesse, engagement très franc de Philby dans un album dans lequel c’est l’espion qui parle et se confie à un interlocuteur mystérieux à Moscou. On se devait de revenir sur cet excellent Philby sorti au mauvais moment pendant le confinement. Il est révélateur de ce qu’a été l’espionnage de haut vol pendant la guerre froide. Ce qui n’exclut en rien bien d’autres affaires plus récentes comme Farewell en France. Au dessin Christophe Gaultier a suivi à la trace Philby et lui donne un relief authentique d’un trait bien cadré, carré et sur un découpage aéré. Pierre Boisserie est revenu dans une interview qui paraîtra très vite avec ligneclaire.info sur son Philby.
Quand on lui amène son Kim à Moscou en 1988, Philby retrouve les raisons de son prénom. Son père en a été à l’origine. Harold est devenu Kim. Philby avoue qu’être espion c’est de dire des mensonges qui peuvent devenir des vérités. Mentir permet de survivre. Philby obtient une bourse pendant que son père suit les traces de Lawrence d’Arabie au Moyen-Orient, se convertit et obtient des succès historiques. L’arrivée de Kim à Cambridge sera décisive. En 1930 au Trinity College ce sera la rencontre avec quatre autres jeunes gens. Les cinq de Cambridge, par conviction communiste seule idéologie pour vaincre le fascisme, seront les pires déstabilisateurs des services de renseignements anglais. Un voyage en Allemagne nazie va confirmer leurs décisions. En 1933 Philby fait ses premières armes en Autriche.
Le récit de Boisserie est passionnant car on est dans une réalité incontournable et une histoire qui a un charme romanesque indéniable. Pierre Boisserie a bien étudié son sujet et a su prendre les bons angles. Philby sera très étonné par ses propres succès face à des Anglais prétentieux et sûrs d’eux pour les affaires intérieures, paranos pour leurs rapports avec l’extérieur. C’est ce qui a sauvé Philby. On relira avec plaisir La Taupe de John Le Carré et on reverra aussi le film tiré du roman inspiré de la vie de Philby avec un duo d’acteurs remarquables Michael Caine et Laurence Olivier.
Philby, Naissance d’un agent double, Les Arènes, 20 €
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