La Guerre d’Espagne est de plus en plus présente parmi le très riche éventail des BD historiques. On découvre cette fois l’extraordinaire aventure du sous-marin C2 de la marine républicaine espagnole réfugié à Brest en août 1937. De quoi mettre un gros caillou dans la chaussure du gouvernement français de l’époque bien décidé à ne pas se mêler de ce qui se passait au delà des Pyrénées où Franco allait bientôt faire la loi. Et comme la France avait aussi des tentations d’extrême-droite, le sort du C2 intéressait pas mal de monde, communistes compris. Un panier de crabes que Bertrand Galic et Kris ont scénarisé à partir d’une histoire authentique et confiée pour le dessin et la couleur à Damien Cuvillier.
Quand il heurte le kiosque du sous-marin espagnol C2 le 28 août 1937, les marins du chalutier breton n’en croient pas leurs yeux et dirigent l’engin vers Brest où il accoste dans la zone civile. Pas question pour les autorités françaises de le réparer ou de laisser les marins débarquer, neutralité oblige. Mais ce n’est pas l’avis des Franquistes qui aimeraient bien récupérer le C2, ni non plus des Communistes défenseurs de la République espagnole. On y ajoute les extrémistes français de la Cagoule qui vont se faire un plaisir d’aider les Franquistes. Sans oublier les anarchistes qui n’aiment pas les communistes. Le commandant du C2 ne sait plus à quel saint se vouer pas plus que son équipage. Agent double ou triple, Brest est devenue une succursale des services de renseignements de tout bord. Il y aura la traditionnelle femme fatale et le journaliste fouineur.
S’il avait fallu inventer une intrigue pareille on aurait pu crier à l’exagération. Pas vraiment donc puisque l’histoire du C2 et les noms des protagonistes sont vraies. Le C2 résistera aux assauts et rentrera au bercail commandé par un Soviétique en laissant dans son sillage un parfum de prochaine débandade de la république française. Les années noires sont déjà là et les réfugiés espagnols sont en route chassés par un futur caudillo dictateur. Le dessin de Cuvillier est d’un parfait réalisme, soutenu dans les scènes de matins glauques et de manipulations de tout genre au fond des bars brestois.
Nuit noire sur Brest, Futuropolis, 16 €
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