Si on se penche sur les chroniques judiciaires du Moyen Âge, on découvre avec étonnement que les animaux ont fait partie des coupables, des jugés et des exécutés. Le cochon pendu, le cheval décapité, des piafs rôtis, on en passe mais des authentiques avec jury, juge, avocat et sanction. L’homme et l’animal même combat. Faut dire que le porc avait la dent facile au point même de servir à escamoter un cadavre. Bon mais dans La Truie, le Juge et l’Avocat de Laurent Galandon et Damien Vidal, on ouvre le débat du cheval qui dégomme son cavalier à cause d’une gentille truie. Comme le juge est une ordure il va bien falloir une morale à cette fable tout à fait crédible et pleine d’enseignements sur les mœurs du temps. Méchamment réjouissant.
On la cherche partout la truie. Un mendiant parle aux piafs. Un délateur dénonce la truie à la police. Il aurait assisté au drame, quand la truie a menacé un cavalier et sa monture. L’homme est mort après sa chute. Le juge, crétin avéré et homme peu vertueux, prévoit le procès dans deux jours. Elle aura un avocat qui va tenter de lui éviter le bucher comme ça on pourra la manger. Son pauvre maître ne comprend rien. Par contre le cheval victime a un sale tempérament. La femme du juge subit ses assauts malveillants et ses coups. La truie pense qu’elle va être pendue. Un corbeau connait un avocat qui a quand même un cadavre dans le placard. Il s’associe au propriétaire de la truie et prépare sa défense.
Le montage est astucieux avec sa part de fantastique, de bêtise humaine et de cupidité. Quelques pointes sur la toute puissance masculine, la haine, la violence, mais heureusement qu’il y a une belle prête à tout pour garder un brin d’optimisme et une justice immanente. Noir, pas drôle, mais instructif sans appel.
La Truie, le Juge et l’Avocat, Delcourt, 17,50 €
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