Le roman Rivage de la colère est de l’autrice franco-mauritienne Caroline Laurent. Son adaptation est signée par Laurent Galandon et Rachid N’Haoua au dessin très réaliste dans la lignée de celui mais en plus appuyé de Francis Vallès qui traite de sujets assez similaires. C’est le destin de Diego Garcia archipel aux Chagos rattaché à l’Île Maurice. On y parle d’indépendance, de créoles, d’amour et de politique, le tout n’allant pas toujours bien ensemble. Pour la plupart Maurice est un paradis touristique mais en grattant un peu on s’aperçoit que la pluralité ethnique ou religieuse n’est pas toujours été au mieux de sa forme depuis l’indépendance. Sans oublier le poids économique de Maurice dans l’océan Indien. Un retour sur la grande histoire de Maurice bien loin des préoccupations occidentales et un part largement romanesque qui est le ciment du tout.
2019, La Haye cour internationale de Justice, un avis mais lequel ? En 1967 Mari assiste au débarquement du Sir Jules à Diego Garcia qui est britannique. Gabriel Neymorin est le nouveau secrétaire de Mollinard l’administrateur. Il est créole et vient de Port-Louis à Maurice. Fête d’usage alors que Maurice risque de devenir bientôt indépendante après un référendum. Marie danse sur la plage et rencontre le lendemain Gabriel à son bureau. Marie ne sait ni lire ni écrire mais tombe dans les bras de Gabriel. Son patron craint qu’il ne mette en question l’équilibre de l’île. Surtout pas d’enfant. Maurice devient indépendante, finie l’Angleterre et défaite des créoles, catholiques, des blancs. Le président sera un Indien. Mais Diego Garcia reste anglaise. Gabriel doit signer son respect de la couronne ou partir. Marie est enceinte.
Drame et politique, conflits, chantages, pauvreté, mensonges, trahisons, on est en pleine tragédie antique mais très bien menée car s’appuyant sur une réalité historique, celle d’une minorité sacrifiée. Marie va devenir l’égérie du combat car les habitants des Chagos vont pourtant se battre même face à l’armée britannique. Déportation vers Maurice et un peu d’espoir pour Marie malgré le racisme ambiant et des arrangements entre amis. Une adaptation bien construite sur ce qui se transforme en procès contre l’Angleterre mais on garde le suspense.
Rivage de la colère, Éditions Philéas, 18,90 €
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