Hormis Cain et Abel, meurtre familial bien connu, il y en aurait eu un autre et pas n’importe où. Au paradis, enfin au ciel, au royaume de Dieu qui en plus aurait plus ou moins trempé dans l’affaire par anges interposés. Le Premier meurtre, étonnante histoire aux détails imprévisibles, est signée par Philip Craig Russell. Il a adapté une pièce radiophonique de Neil Gaiman pour obtenir un polar céleste qui décoiffe avec un flic nommé par le patron créateur, histoire de s’éviter des concurrents potentiels.
A Los Angeles, un Anglais fait escale est se souvient des années passées dans une ville qui le déroute. Sur un banc il est assis à côté d’un type qui lui demande une cigarette et lui échange contre une histoire. Au commencement était le verbe et lui un ange nommé Raguel. Quand Lucifer vient le voir c’est pour lui annoncer qu’une faute a été commise, la première du genre dans cet univers, un meurtre, celui de l’ange Carasel. Raguel commence son enquête par celui qui a trouvé le corps, Phanuel, concepteur en chef. Il affirme que c’est un suicide car Carasel étudiait la mort. Impossible d’après les indices recueillis. Lucifer essaye lui-aussi de ne pas répondre à Raguel. En prime le très curieux Zephkiel, qui n’est pas un ange, semble en savoir beaucoup en particulier sur un sentiment nouveau, l’amour.
On est balloté par ce voyage aux sources de l’univers face à des anges créateurs et asexués finalement pris au piège de leurs créations. Dieu a presque réponse à tout dans ce polar assez machiavélique et dont l’environnement finalement est accepté. On y croit à ces embrouilles qui ne montrent pas le bout de leur nez de suite. La mort et l’amour, le don de l’ange à celui qui l’a écouté, son absence de souvenirs, une montée en puissance du suspense et les pistes suggérées sans oublier le dessin en font un album hors normes et bluffant. Une interview très complète de Philip Craig Russell conclue le récit.
Le Premier meurtre, Delcourt Comics, 15,95 €
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