L’Empereur Meiji et César, le pouvoir et leur pays avant tout
Ils ont chacun à leur façon révolutionné leur pays. Ils étaient tout puissants, visionnaires et s’inscrivent parmi les personnages les plus emblématiques de l’Histoire. César et l’Empereur Meiji, un Romain et un Japonais, sont les héros des deux derniers volumes qui s’ajoutent à la collection Ils ont fait l’Histoire chez Glénat-Fayard. On aura du mal à leur trouver des points communs. César était extraverti, général de talent, politicien dans l’âme. Meiji, manipulateur mais convaincu du retard de son pays, a permis au Japon de passer en gros de l’ère médiévale à l’ère moderne tout en devenant une puissance qui en ce début de XXe siècle allait désormais compter dans le concert des nations. Complots, assassinats, luttes fratricides, ils ne vont pas par contre se laisser marcher sur les pieds ni l’un ni l’autre.
L’Empereur Meiji va hériter d’un pays sur lequel déjà, dès 1853, les États-Unis ont mis la main. Le Commodore Perry veut à tout prix investir économiquement un Japon qui vit coupé du monde et dont même les ressortissants ne peuvent partir à l’étranger sans autorisation. Conflits de castes, de clans, de pouvoir, le Japon est dirigé au moins en apparence par un empereur. Mais aux pouvoirs limités. Un empoisonnement probable et un jeune empereur découvre le pouvoir qu’il va exercer malgré une tentative de coup d’état. Dans la balance aussi la Corée que le Japon veut garder dans son escarcelle malgré la rivalité avec la Chine. L’ère Meiji va changer la donne et le passé relégué aux oubliettes. Le Japon ne veut plus être traité comme un vassal par l’Europe et les USA. Une étude brillante, complexe qui progresse à petits pas à l’image de la diplomatie de l’époque mais qui n’empêche pas le Japon de devenir un puissance navale redoutable. Les Chinois vont s’en apercevoir comme les USA en 1941. Un ouvrage qui explique comment Meiji qui a régné jusqu’en 1912 a été un guide, celui du changement. Ennio Bufi est au dessin. Mathieu Mariolle et Guillaume Carré au scénario. Un bon dossier historique boucle l’album.
César, ce bon vieux Jules qui entre Astérix et la Guerre des Gaules, Vercingétorix battu à Alésia, a dans notre doux pays laissé des souvenirs plus ou moins sympathiques. Si on y rajoute Cléopâtre et Brutus, le Rubicon, on finit par croire qu’on le connait par cœur le Jules. Erreur car plus tordu, compliqué, arriviste et sans pitié que lui, c’est dur à trouver. Donc le travail biographique de Mathieu Gabella et Giusto Traina sur le dessin de Andrea Meloni est incontournable. On redécouvre César qui ne rêve que d’Alexandre et ne se satisfera jamais du pouvoir qu’il a. Une course effrénée le poussera toujours plus haut mais en ayant cependant en vue l’intérêt de Rome. Il va affronter Pompée, devient consul, fait le ménage. Un tyran, le surnomme Caton. Il pacifie la Gaule et en fait une des plus riches provinces romaines, bat Vercingétorix qui perd la seule bataille qu’il fallait gagner. Veni, vidi, vici, ou Alea jacta est, César a eu le sens de la formule. Pompée y laisse sa tête et César embarque Cléopâtre. On sait comment tout ça finira. La légende rejoint la réalité dans cet album bien cadré.