On l’a découvert à ses débuts en France vers 2000 et de suite tombé sous le charme, le talent de Gradimir Smudja. Pour ceux qui auraient des lacunes lire sur le site « il était une fois Gradimir Smudja ». Il revient si l’on peut dire à toute vitesse (et seul) dans la foulée d’un des plus mythiques champions de course à pied, Jesse Owens. Des Miles et des Miles, Jesse Owens (qui a fait faire une jaunisse à Adolf) est le héros d’un album d’une rare beauté, somptueux par son trait, ses couleurs, ses ambiances et avec un second rôle félin narrateur, un chat souvent mascotte des albums de l’excellent Gradimir Smudja qui avait signé en 2019 un inénarrable Mausart à Venise avec Thierry Joor. A noter qu’on fête les 50 ans de Futuropolis qui publie l’album.
Tout commence en 1913 en Alabama au son du banjo entre les griffes d’un matou qui va raconter l’histoire de son petit frère noir. Dix enfants chez les Owens, Jesse est le dernier. Un vrai prodige sur ses jambes Jesse, une vitesse incroyable poursuivi par une oie ou par quelque cauchemar d’un encapuchonné du Klan. Ou un serpent à sonnette qui le pique mais le chat Essej est son ange gardien. Courir comme une fusée c’est le destin de Jesse. Petit-fils d’esclave, Jesse découvre le blues dans les champs de coton. Bateaux à aube sur le fleuve, alligator géant, tornade, criquets et une mauvaise rencontre avec le Klan, ces fous racistes tout puissant. Début comme joueur de football US, un policier entraîneur et tous bascule.
C’est plus finalement que la vie de Jesse Owens que raconte Gradimir Smudja. On est dans le Sud profond où règne la ségrégation et Smudja le dessine avec à la fois humour et tendresse, réalisme et authenticité. Jesse Owens sera le héros des Jeux Olympiques de Berlin avec quatre médailles d’or, un héros que Roosevelt président ignorera pour cause d’électeurs sudistes, que Hitler va haïr et pourtant le champion allemand Long devient son ami. Une leçon de grande Histoire et de mépris raciste, de caricatures de dirigeants fascistes, Smudja a inventé des pages dont celle du cirque avec ses éléphants prodigieuses. Des œuvres d’art que l’on espère voir un jour exposées. Son Jesse Owens, sur tous les plans est une belle réussite.
Jesse Owens, Des miles et des miles, Éditions Futuropolis, 24 €
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