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La Promesse de l’aube, Sfar et Romain Gary réunis

Pour toute une génération Romain Gary restera l’écrivain d’un double Prix Goncourt mais aussi, comme Kessel, un homme de combat, de charme, un modèle auquel il était tentant de vouloir ressembler. Dire que Roman Gary avait du talent est d’une rare platitude. En illustrant La Promesse de l’aube (Futuropolis Gallimard) , roman autobiographique de Gary, Joann Sfar s’inscrit dans la fidélité à l’homme, à son parcours atypique, à son courage jusqu’au-boutiste, à son élégance aussi bien intellectuelle que physique.

Sfar scande Gary, suit ses traces dans son ouvrage, de ses émois d’enfants à sa jeunesse lointaine puis à son arrivée en France avec sa mère, ce personnage incontournable et exubérant qui ne fait qu’un avec son fils. Dans La Promesse de l’aube, Romain Gary se livre à la fois avec retenue mais aussi en liberté souvent surveillée. Gary sera un diplomate, un pilote de guerre qui rejoint De Gaulle, un écrivain, un Slave au cœur en écharpe brûlé par la pétillante Jean Seberg qui jouera le rôle titre du film tiré du bouquin de Sagan, Bonjour Tristesse. Il faut aussi se souvenir de Romain Gary chez Pivot, se souvenir d’Émile Ajar, Prix Goncourt avec La Vie devant soit écrit en fait par Gary déjà primé en 1956 pour Les Racines du ciel. Ajar et Gary ne faisait qu’un. Mystérieux Gary, dramatique Romain à la mine boudeuse que rend si bien Sfar dont on ressent toute la passion et l’admiration pour l’homme et l’écrivain.

Quand Gary ne se sentira plus en phase avec son temps et son âge, il s’en ira avant que la mort ne décide pour lui. Cette fin aussi ajoute à son mythe, à sa gloire. Gary aimait son pays d’adoption pour lequel il avait mis sa vie en jeu aux commandes de son bombardier. Comme le dit Sfar, Romain Gary savait se révolter. On vous le dit, cet homme était admirable. Il faut caler sur ses genoux le beau pavé de cette Promesse de l’aube et son texte intégral, bien épais et bien lourd, lire les pages, plonger au cœur de l’âme de Gary, et de Sfar réunis pour ne plus faire qu’un.

La Promesse de l’aube, Futuropolis Gallimard, 39 €

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