La Résistance, la Libération, vérités et « oublis », réalité et histoire dictée par les circonstances, Simon Rochepeau trace le portrait d’une époque en demie-teinte dans Douce France. Quand le groupe Karbell obtient le chantier de la construction du Mémorial de la Résistance de Saint-Yves, Christian architecte récemment embauché par la société sent son heure venue. Il sera le maître d’œuvre. Pour le groupe Karbelle Christian a quitté son entreprise et ses copains mais leur a fait obtenir une partie du chantier du Mémorial. Raymond Langlade, grande figure de la Résistance, intrigue Christian qui bientôt tombe sous le charme du vieil homme devenu la mémoire vivante du maquis de Saint-Yves décimé par les Allemands en 1944.
Originaire de Saint-Yves, Christian ne comprend pas que son père ne lui ait jamais parlé du maquis. Peu à peu, et contraint pas sa société, l’architecte liquide ses amis dans son ancienne boite et refait les plans du Mémorial selon les souhaits de Langlade. Mais qui est vraiment le résistant ?
De l’affaire Bousquet à Papon, l’arrestation de Jean Moulin, Rochepeau revisite à juste titre l’été 1944. Comme le dit un témoin ancien maquisard qu’interroge Christian c’est aussi pour échapper au travail obligatoire en Allemagne qu’il est devenu résistant. Rien n’est simple, ni l’attentisme prudent des uns, le pétainisme des autres ou enfin le refus courageux de la défaite par une poignée. Rochepeau met en exergue les liens forgés pendant l’Occupation, les trous de mémoire pudiques.Une vraie leçon sans excès.
Son héros, Christian, sera le candide d’une affaire qui le dépasse. Simon Rochepeau aurait pu écourter un peu le récit et la pagination. L’album côté dessin signé par Lionel Chouin est d’un trait souligné, pastels, met en relief les dialogues. Ce maquis Saint-Yves ressemble beaucoup à celui de Saint-Marcel monté par les parachutistes français FFL qui ont sauté dans la nuit du débarquement en Bretagne afin de fixer les troupes allemandes pour les empêcher de remonter en Normandie. L’issue fut tragique.
Douce France, Futuropolis, 19 €
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