Un retour en arrière, sur l’intervention soviétique à Budapest au moment où la Hongrie voulait se débarrasser du carcan communiste en 1956, en automne, au moment même, on l’a aussi oublié, où Français (en guerre en Algérie) et Anglais sautaient sur l’Égypte pour déboulonner Nasser qui avait nationalisé le canal de Suez. Là aussi l’URSS a fait les gros yeux. On est en pleine guerre froide. L’Ange de Budapest est signé par deux Hongrois, Gàbor Tallai, écrivain et journaliste, et Attila Futaki, peintre et dessinateur. Un couple d’immigrés hongrois aux USA découvrent en 1988 que l’officier russe qui a massacré des résistants dont un de leurs amis à Budapest en 1956, y revient comme ambassadeur. Dans la vie, il faut aller au bout de son destin et régler ses comptes. Un album sobre mais très efficace, aux dialogues sobres, concis et au dessin fort, maîtrisé.
A San Diego, USA, en 1988, John Angel, réfugié hongrois depuis 1956 devenu un homme d’affaires célèbre, apprend que l’ex major Petrov est nommé ambassadeur soviétique en Hongrie. Petrov a réprimé la révolte à l’époque et abattu bon nombre de résistants hongrois. John Angel, marié à Eva qu’il a rencontrée pendant les combats décide de retourner en Hongrie communiste pour régler ses comptes avec Petrov. Connu sous son vrai nom hongrois de Jancsi Angyal, il a été un des héros de la révolution. Angle se souvient des combats de rue, de sa rencontre avec Adam, grièvement blessé, amoureux d’Eva, combattante redoutable. Il a vu Petrov abattre les Hongrois blessés. Angel a porté Adam tout en se battant jusqu’à l’hôpital. Adam meurt et Angel grâce son ami Isti, ancien de la police politique, retrouve Eva. Il l’empêche de se suicider quand elle apprend la mort d’Adam. 1988, Adam est prêt à venger ses camarades.
1956 à Budapest, cela a été une boucherie commise sans états d’âmes par les Soviétiques au nom du communisme victorieux. Près de trois mille jeunes gens tués, 750 Soviétiques, Budapest reste comme un symbole de la volonté soviétique de ne rien accorder aux pays frères. 200 000 Hongrois vont fuir leur pays. Un album qui restitue toute la problématique mais ne rentre peut-être pas assez dans les détails, les causes de l’intervention soviétique. Un petit dossier en fin d’album aurait été profitable. Reste qu’au total on se sent concerné par ce couple qui ira au bout de son destin et pour lequel le mot liberté, neuf ans après la chute du nazisme, il était digne de mourir. Un dessin prenant. On dira que l’histoire, ou au moins la fin, est un peu facile mais tient quand même la route.
L’Ange de Budapest, Glénat, 14,50 €
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