Un conte mélancolique, triste et qui repose sur un environnement historique violent, le siège de Leningrad par les troupes allemandes en 1941 pendant l’invasion de l’URSS qui durera jusqu’en 1944. Il y aura un million de morts parmi les civils. Une petite fille violoniste va être l’âme pure qui, en quelque sorte va sauver la ville et en même temps la déesse de la vie prise au piège de la mort qui fauche à tout va dans une ville captive où la famine rode. La Route de la vie est une œuvre douce-amère de deux auteurs italiens, Giovanna Furio et Marco Nizzoli le dessinateur à qui l’on doit Le Jour des magiciens et plus récemment Lucifer Sam.
Olenka est une petite fille qui joue du violon près du fleuve pour les Roussalki, des naïades fantastiques. Elle vit avec ses parents, son petit-frère et son chien. Quand Hitler envahit l’URSS, il décide d’encercler Leningrad et de laisser mourir de faim la population. Olenka est prévenue par son ami l’aigle à deux têtes qu’un mage noir a jeté un sort aux eaux du golfe de Finlande et à la Neva. Leningrad est encerclée et les Roussalki ont changé de camp. Le père d’Olenka part pour le front. La déesse de la vie est elle-aussi submergée victime des eaux glacées et demande à Olenka de jouer pour rallumer l’espoir. Dans les rues de Leningrad un personnage de noir vêtu, cape et chapeau haut de forme, fait mourir ceux qu’elle rencontre. L’hiver est l’amant de la déesse de la vie qui ne va pas pouvoir résister longtemps à l’eau glacée. La maman d’Olenka essaye de trouver de quoi nourrir ses enfants. L’école d’Olenka et sa maison sont bombardées, sa famille tuée. Olenka qui a perdu son violon se met à tenir un cahier.
Une métaphore ce conte, celui d’une vile qui se bat pour survivre contre les forces du mal et que seul le sacrifice de ses habitants peut sauver, menés par la musique enchantée de la petite Olenka. La déesse de la vie sera également sauvée par le son du violon. Mais il y aura un prix à payer pour Olenka qui jouera la symphonie envoyée par l’hiver à condition de faire un choix suprême. Beaucoup de poésie dans ce récit dont le dessin est à la fois réaliste, soigné, élégant malgré l’horreur et émouvant. L’espoir est le maître mot de l’histoire, la mort c’est le chaos et les conflits entre le gel et l’hiver, la survie de la ville. Cet hiver qui va embourber les Allemands et les vaincre. Une poésie qui efface la frontière entre le réel et le fantastique, une histoire troublante et attachante.
La Route de la vie, Glénat, 15,50 €
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