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La Neige était sale, Simenon et roman noir

Autant Le Passager du Polarlys était un Simenon peu connu, autant La Neige était sale a eu une autre reconnaissance grand public. Théâtre avec Frédéric Dard en 1950 pour l’adaptation, au cinéma en 1955 avec Daniel Gélin et Valentine Teissier, ce roman du père de Maigret a toujours été une valeur sûre. L’année Simenon et sa collection a commencé chez Dargaud en 2023 avec aussi le biographique Ostrogoth. Aux commandes de ces mise en images de textes d’une rare qualité Jean-Luc Fromental, Bernard Yslaire au dessin. Dargaud parle de romans durs de Simenon. Oui et non. En fait La Neige était sale c’est du Simenon tout simplement années 50 avec un plongeon en apnée vers l’horreur et après avoir touché le fond un retour vers une oxygène provisoire rédemptrice. Reste que ce n’était pas une adaptation simple et le duo sur un dessin puissant d’Yslaire l’a bien réussie.

Un bar louche tenu par Timo, des malfrats, un pays occupé, la France vraisemblablement par l’Allemagne (Simenon écrit le roman en 1948), un tueur Fred Kromer et le jeune Frank qui vit chez sa mère Lotte qui tient un bordel. Kromer lui prête son cran d’arrêt. En sortant il croise Holst le conducteur du tram. Frank tue un soldat de l’armée d’occupation, sans raison. Il lui prend son pistolet, rentre chez lui où il découvre Minna qui ressemble à Sissy qui lui plait. Un client est flic et leur apprend le meurtre du soldat qui sortait de chez Timo. Un suspect a été arrêté. Frank invite Sissy la fille de Holst au cinéma et la séduit. Il rend le couteau à Kromer qui le met sur un coup, trouver des montres anciennes pour un général. Avec son pistolet en poche Franck accompagne Kromer dans une famille qu’il connait mais il tue la vieille sœur du propriétaire des montres qui l’a reconnu.

Une lente descente aux enfers dans un pays occupé où on fait la chasse aux résistants dans une ville triste, sombre avec ses collabos, sa Gestapo, ses tortures. Frank dans la BD porte une étoile jaune avec Swing dessus, référence aux zazous ? Rajout de Yslaire ou dans le roman ? Incapable de le dire. Frank est une ordure en puissance qui pourtant mais il faut s’arrêter là pourrait bien surprendre son monde. Simenon a écrit un vrai roman noir, d’une violence lancinante, avec des scènes d’une rare force. Un cauchemar au quotidien et un album maîtrisé aux teintes, couleurs parfaites qui offre Simenon sur un plateau.

La Neige était sale, Dargaud, 22,50 €

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