Cinquante ans déjà. Le temps a passé vite depuis ce jour de 1965 où en ouvrant Pilote, mâtin quel journal ! on est tombé sur un jeune type en marinière avec un âne au doux nom d’Anatole. Fred avait sévi et Philémon s’embarquait, et nous avec, pour des aventures où la logique était aux abonnés absents mais la poésie sous chaque sabot d’Anatole. Ce qui allait aussi provoquer une levée de boucliers auprès des défenseurs de la BD politiquement correcte, déjà. A l’occasion de cet anniversaire, la Galerie Martel à Paris consacre une très riche exposition du 20 novembre jusqu’au 9 janvier 2016 à Fred en parallèle de la publication du recueil Autour de Philémon chez Dargaud.
Philémon a un passé et on le découvre dans Autour de Philémon. Un rappel des dessins préparatoires de Fred pour définir son personnage ouvre le recueil. L’Eau qui fait pschlouk ! montre les origines de Philémon avec un clone de Depardieu avant l’heure. Des photos de Fred entouré du gratin de Pilote ou Hara-Kiri. Wolinski, Cabu jeunes, Cavanna, Choron. On enchaîne avec la reprise des histoires de Philémon, celle pour passer le temps. Monsieur Barthélémy est de la fête, il y a un naufragé sur le A. Voila le trait de génie de Fred, les lettres d’Océan Atlantique seraient-elles des îles ? De quoi déstabiliser une génération qui finira sur les barricades de 68. Le story-board est dans l’album. Philémon devient une star. Les couvertures de Pilote le prouvent. Enfin il y a le Manu Manu, noble créature dont Fred décline toutes le qualités.
On a rêvé avec Fred, dérivé sans limites. Le retrouver maintenant qu’il nous a quitté est une œuvre de salubrité publique et un plaisir. Cela fait du bien. Ces coups de gueule, ces échanges passionnés pendant des interviews où le délire était roi, son dessin, il avait tout pour plaire Fred. Philémon, le Corbac, un monde non violent, décalé, poétique, à fleur de peau et de non sens réunis, il avait inventé un jardin extraordinaire où il faisait bon se promener.
Autour de Philémon, Dargaud, 39 €
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