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Interview : Florence Cestac avec Un Amour exemplaire, à la vie, à la mort

Un bonheur cet Amour Exemplaire (Dargaud). Un couple hors normes, Germaine et Jean, qui ne vivent que pour leur passion. Jusqu’au bout, pendant plus de quarante ans. Comme quoi, même vieillir est un acte d’amour au quotidien. Daniel Pennac (Journal d’un Corps, Malaussène) les a connus enfant, vraiment, et avec Florence Cestac il les a fait revivre dans un album bourré d’émotion, de joie et de bonne humeur. Florence Cestac raconte comment Germaine et Jean sont devenus des héros de BD. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC

Florence Cestac au Salon du Livre pour la sortie d’Un Amour exemplaire. JLT ®

Tout est vrai dans cette histoire ?

Absolument. Daniel Pennac a vraiment connu ce couple, Germaine et Jean alors qu’il passait ses vacances enfant à La Colle-sur-Loup près de Nice. On se connait bien avec Daniel. On cherchait un sujet sur lequel on puisse travailler ensemble pour faire une BD.

Une histoire d’amour ?

Pourquoi pas. C’est sympa l’amour. Il m’a raconté l’histoire et cela s’est passé comme je le montre dans les premières pages de l’album. Daniel m’a raconté le synopsis en gros, effectivement au restaurant, un endroit où on va souvent à Montparnasse. On a avancé en parallèle. Il me racontait et on faisait le découpage à deux. C’est vrai qu’on a un peu raccourci. C’est un romancier. On est même allé passer cinq jours chez lui à La Colle-sur-Loup pour travailler. Résultat au retour on a tout changé et on n’a pas vraiment suivi le canevas.

Ce couple est merveilleux. Il eu une vie atypique, un peu hors du temps, et il a en quelque sorte adopté Pennac moralement et sentimentalement.

Daniel Pennac découvre pour la première fois l’album qui vient de sortir. JLT ®

Oui, Jean et Germaine voulaient avoir assez d’argent pour vivre et ne pas travailler. Dans l’album il joue au poker, il fait la lecture et il est le rejeton d’un grande famille viticole, un petit marquis. Au moment où on veut lui faire épouser la fille du roi du Vin d’Alsace il tombe amoureux de Germaine, la servante de la famille, fille de chiffonnier. Bonjour l’ambiance.

Florence, tout est vraiment vrai ?

Bon d’accord. Le fond oui mais on a pris quelques petites libertés romanesques sur les professions, le curé qui dérape. Par contre, oui, ils avaient bien cette merveilleuse collection d’éditons originales héritées d’un parent qu’ils vendaient si besoin. Dans la bibliothèque il y avait en haut les originaux et en bas les livres de Poche.

Daniel Pennac a écrit des dialogues savoureux.

Il est doué pour ça Pennac. C’est un plaisir de le mettre en musique mais ce n’est pas un mec compliqué. Il avait déjà l’habitude avec le scénario de Lucky Luke ou pour Tardi. On s’est bien amusé et ça a pris dix-huit mois car il voyage beaucoup. Une BD c’est aussi un puzzle dont il faut maintenir le rythme ce qui m’a fait virer des pages qui ne servaient à rien.

Daniel Pennac et Florence Cestac au salon du Livre pour la sortie de leur album. JLT ®

Jean et Germaine, c’est à la vie à la mort par amour ?

Oui. Quand Jean meurt, Germaine sait qu’elle ne peut vivre sans lui. Ils n’ont pas d’enfants. Daniel se souvient que quand il leur avait demandé pourquoi, ils ont répondu, « en amour pas d’intermédiaire ». Donc Germaine se suicide une première fois. C’est le père de Daniel qui la sauve en fait. La seconde fois elle réussira.

Cet Amour exemplaire, c’est un peu une autobiographie partielle pour Daniel Pennac ?

Avec une petite partie romancée, des détails. Mais Rachel, autre personnage important, la Dauphine (je déteste dessiner les voitures), tout est vrai. L’histoire est très touchante comme aussi les rapports de Pennac avec eux au fil des ans.

Vous avez fait un nez d’exception à Jean, pas un nez Cestac mais un tarin d’enfer, presque gaullien, patate.

Et oui. Il le fallait. J’ai craqué. J’adore trouver la tronche des personnages. Dans la scène du restaurant, si on regarde bien, j’ai pris pour modèles des copains comme Benacquista. Franchement, j’ai bien aimé travailler avec Daniel et suis prête à recommencer bien sûr. On rit, on pleure avec lui, toujours beaucoup d’émotion. J’aime sa façon de raconter.

Et après l’amour, si l’on peut dire, Florence ?

Une histoire de filles, basée sur des rencontres et des souvenirs de pensionnat. J’avais 12 ans quand je me suis retrouvée à Honfleur en pension. Dur. Ce sera deux filles qui font tout pour faire chier le monde. Une vient de Neuilly, BcBG, l’autre a des parents agriculteurs, le choc des cultures, le mélange de deux mondes.

Un Amour exemplaire, Dargaud, 14,99€

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