Le Festival de Fabrègues qui a vu ses débuts à Bouzigues fête ses 20 ans en 2018. Pour l’occasion ligneclaire s’est plongé dans ses archives à partir de 2006. Ensuite il suffit de chercher Fabrègues sur ligneclaire.info Un constat bien triste en relisant ces textes, c’est que des présidents du festival comme Annie Goetzinger, Gille Chaillet ou notre ami Patrick Jusseaume, dont on publie ci-dessous une longue interview faite à l’époque, ne seront pas de la fête. Un coup au cœur mais aussi indirectement un hommage qu’on leur rend parce que Fabrègues leur doit beaucoup, pour leur gentillesse et leur talent. On ne les oublie pas et ils nous manquent beaucoup.
2006 : Annie Goetzinger présidente d’un festival polar
Le 8e festival de Fabrègues, près de Montpellier, ouvre ses portes ce week-end les 2 et 3 septembre 2006, au domaine de Mujolan, désormais consacré haut lieu de la BD régionale. Cette année, l’association Jetez-l’Encre a choisi le polar comme thème de la manifestation. Annie Goetzinger, dessinatrice de Agence Hardy, sera la présidente de l’édition avec à ses côtés des scénaristes de haut vol. Au total ce sont une trentaine d’auteurs qui dédicaceront leurs ouvrages dont Vicomte, Adamov, Gine, Jusseaume, Cauvin, Kraehn, Chaillet, Fahrer, Balland, Demare, Roman. En marge du festival, une exposition à ne pas rater est présentée à la mairie où seront accrochées les planches de Grey, l’auteur de La Voie du silence (jusqu’au 30 septembre).
Les scénaristes en vedette
Le scénariste livre l’épine dorsale d’une bonne BD. Au festival de Fabrègues les 2 et 3 septembre, on pourra rencontrer Cauvin et Cothias mais aussi Mythic ou Cornen, grands conteurs d’histoires. Il y aura un scénariste absent cependant. Pierre Christin ne pourra être à Fabrègues bien que ce soit lui qui scénarise Agence Hardy, la série signée au dessin par Annie Goetzinger. Un superbe polar avec une femme détective privée. Mais Christin c’est aussi Valérian ou le prochain Juillard, Le Long voyage de Léna.
On se consolera avec la présence rare de Cauvin, un des grands scénaristes belges qui a à son actif quelques-unes des meilleures séries de ces dernières années. En vrac, Les Tuniques Bleues, Pierre Tombal, Les Voraces, Cupidon ou L’Agent 212, toutes chez Dupuis. « Mon Divan est mon outil de travail » confie ce boulimique qui s’est imposé comme le maître de la BD d’humour. Allongé, Cauvin invente ses gags et aligne ses planches. Avec une douzaine d’albums par an, maître Cauvin sera l’auteur à rencontrer absolument à Fabrègues.
Avec Cothias le registre change. L’Histoire est sa tasse de thé. Réalisme total sur fond romantique avec Masque Rouge et Les 7 Vies de l’épervier. Le duo Cothias – Juillard fonctionne à merveille. Cette saga de cape et d’épée très novatrice et superbement dessinée a eu une suite plus récemment avec Plume aux Vents. Cothias peaufine, surfe sur les petits secrets de la grande Histoire. Avec Adamov, qui sera à Fabrègues, Cothias a repris Les Eaux de Mortelune. On lui doit aussi un thriller redoutable, Le Lièvre de Mars qu’il su faire rebondir à plusieurs reprises.
Mythic est quant à lui un scénariste qui préfère mélanger les genres. Humour avec Curd Ridel pour Le Gowap mais polar fantastique avec Halloween Blues et thriller avec Alpha ou Rubine. Mythic sait faire rire et frémir. Enfin, une femme pour clôturer cette sélection très masculine. Fabrègues recevra Hélène Cornen scénariste de Tristan et de L’Univers de Korrigans d’Elldwen.
Jusseaume et Kraehn complices en création à Fabrègues 2006
Jusseaume qui sera président de Fabrègues 2007 dessine. Kraehn écrit. Ils signent Tramp, une belle et aventureuse histoire de cargos. Au dernier festival de Fabrègues, ils ont livré leurs secrets de « couple ». Histoire d’amour ou de raison, comment se concocte l’alchimie toujours miraculeuse qui permet non seulement à un scénariste de rencontrer le dessinateur qui sera son alter ego mais de vivre avec lui le succès d’une BD réussie ? « C’est un peu le mélange du hasard des rencontres et le respect mutuel du travail de l’autre. » Jean-Charles Kraehn est aux côtés de Patrick Jusseaume dans la cour du château de Mujolan, à Fabrègues, près de Montpellier, où ils dédicaçaient. « Kraehn m’avait proposé de reprendre sa série, Les Aigles Décapités. J’ai préféré lui demander de m’écrire une histoire. Et il a dit banco », précise en souriant Jusseaume.
Ce à quoi Kraehn répond : « Au départ, des idées je n’en avais pas vraiment. Des sujets oui, dont un sur les cargos et la batellerie. On arme une vieille coque, on la coule et on se fait payer par l’assurance. En prime, j’y ai ajouté un sous-marin pirate allemand toujours en activité en 1950, une petite liberté historique. » Et Kraehn d’appeler le tout Tramp (Dargaud), une série où le héros Calec, un peu naïf, devra s’imposer au fil des albums face aux maîtres du récit, les cargos, le plus souvent des Liberty Ships américains reconvertis après la guerre. Cela, c’était pour le premier cycle. Depuis Tramp et Calec ont bourlingué sur les côtes africaines et, dans le dernier album, ont fait escale à Saïgon en pleine guerre d’Indochine. « Tramp est un récit qui n’est pas simple à scénariser. Il faut débarquer le héros de son cargo, univers limité, ce que nous avons fait avec Jusseaume dans cette aventure indochinoise. On devait trouver le moyen de retarder Calec à Saïgon pour finalement qu’il se lance dans une aventure terrestre », ajoute Kraehn. Et Jusseaume de poursuivre : « Calec mène deux quêtes à la fois. On le fait revenir dans un pays où il a vécu et où son père a eu un rôle que l’on pressent mystérieux. C’est l’art du scénario que de donner au héros un passé qui soit crédible sans anachronisme. » Alors comment fonctionne un scénariste ? « Je ne peux pas écrire tout le scénario d’un coup. Je sais où je vais mais je livre à Patrick une dizaine de planches. Je trouve mes idées au fur et à mesure. » Cela, Jusseaume sait le gérer et d’ajouter : « Je me documente énormément. Il n’y a pas de co-écriture ni de story-board qui parasiterait mon univers de dessinateur. Enfin, un scénariste doit faire le deuil de son histoire quand il la met entre les mains du dessinateur qui va traduire les intentions qui sont dans les mots. » De la confiance encore et toujours, de la complicité, avec en prime le devoir pour le « couple » de communiquer. « Il faut écouter l’autre », enchaîne en cœur Jusseaume et Kraehn qui vont continuer à faire voyager leurs lecteurs. Deux albums indochinois sont à venir. Ensuite destination peut-être le Brésil ou l’Océan Indien. « Par la mer on peut aller sur tous les continents. Et comme les lecteurs se sont appropriés la série, on se sent très bien à bord de notre cargo en leur compagnie. » Le mot de la fin pour un couple d’auteurs en parfaite harmonie.
Chaillet et Léonard de Vinci réunis par la BD à Fabrègues en 2008 pour les 10 ans du festival
Pour ses dix ans, le festival BD héraultais de Fabrègues a eu un président à l’âme définitivement italienne, Gilles Chaillet. C’est avec Jacques Martin qu’il fait ses premières armes. « Il m’a appris la rigueur », confirme Chaillet. Mais travailler avec le père d’Alix (Rome déjà), qui avait envoûté le jeune Gilles enfant, et de Lefranc sur neuf albums au total peut donner des envies d’indépendance. Chaillet crée donc Vasco, un héros vénitien et se lance en solo. On va suivre Vasco à la trace dans une Europe du Moyen Âge en proie à tous les tourments, des Cathares de Montségur à la Chine de Marco Polo.
« J’ai eu envie de passer à autre chose tout en gardant seulement le scénario de Vasco », avoue Chaillet. Et c’est un joli bébé que va dévoiler en exclusivité à Fabrègues le plus italien dans l’âme des auteurs de BD. Léonard de Vinci, personnage mythique, génie qui navigue entre ombre et lumière est le héros de son nouvel album (Vinci, Tome 1, L’ange Brisé, Glénat). Le scénario est de Didier Convard, l’un des meilleurs raconteurs d’histoire à grand spectacle de sa génération. « J’ai été emballé. Vinci est un personnage fascinant mais inquiétant. C’est un inventeur, pas seulement le peintre de La Joconde. On est dans un vrai thriller avec un enquêteur qui essaye de trouver un meurtrier en série et Vinci qui joue avec lui au chat et à la souris. Et rien à voir avec le Da Vinci Code bien sûr ». Du cousu main et un dessin que Chaillet a sublimé travaillant le texte de Convard pour en faire deux tomes de 54 pages : « J’ai abandonné le dessin au feutre et repris la plume aidé par un encreur, Marc Jailloux. » Du beau travail, soigné, enlevé. Convard et Chaillet ont désormais donné une autre dimension au maître italien. Il n’y aura que deux albums. Pas de suite. Chaillet a déjà terminé un scénario. Rome encore avec Les Boucliers de Mars, une sorte de western à la romaine pour son ami Gine, le dessinateur sétois.
Fabrègues 2009, Bergèse arrête Buck Danny
Parmi les auteurs invités au récent festival de Fabrègues 2009, Francis Bergèse. Qui a décidé de ne plus dessiner les aventures de son héros, le mythique pilote Buck Danny C’est un festival qui a pris, c’est le cas de le dire, son altitude et sa vitesse de croisière et qui se tient désormais dans l’enceinte du domaine viticole de Mujolan à la sortie de l’héraultaise cité de Fabrègues. Le président en sera Patrick Jusseaume, un dessinateur dont le héros Tramp – le prochain album sort en novembre – a plutôt quant à lui le pied marin.On y a ajouté cette année une bonne dose d’émotion aéronautique avec la présence rare du talentueux Francis Bergèse qui, depuis la mort de son créateur Hubinon, a repris en 1981 le dessin puis le scénario de Buck Danny. L’infatigable et toujours jeune pilote de l’Air Force avait été créé en 1946 flanqué de ses copains le sage Tumbler et le gaffeur Sonny Tucson. Mais surprise, Francis Bergèse affirme que « c’est fini. Je raccroche le casque de Buck Danny et le tome 52 qui sortira en février 2008 sera le dernier sous ma signature ».
De quoi tuer dans l’œuf des vocations de pilotes de chasse dont Buck Danny avait été le héros. Quand on lui demande pourquoi il arrête Bergèse est très clair : « J’ai 66 ans et c’est une série trop astreignante en particulier dans la recherche de la documentation. La technologie va tellement vite. J’ai peur de faire des erreurs qui puissent avoir des conséquences sur l’histoire et je ne prends plus de plaisir à dessiner. Trop fastidieux ».
Au total Bergèse a signé avec le prochain titre, Porté disparu, douze albums dont quatre sous la houlette de Jean-Michel Charlier le scénariste d’origine, père aussi des Chevaliers du ciel, autres héros pilotes mais français cette fois et de Blueberry. « J’ai eu la chance de commencer avec Charlier mais j’ai beaucoup aimé de me mettre au scénario après sa disparition. J’ai écrit les six dernières aventures et cette fois Buck Danny va aller faire un tour en Afghanistan pour retrouver un agent secret US disparu ». Toujours coller à l’actualité et un dessin sans faille au réalisme imparable, un peu d’humour, la méchante Lady X ennemie mortelle du grand blond, Buck Danny va donc se faire son dernier vol avec le 52e album. Bergèse a été l’un des premiers à tenter en BD la reprise réussie d’une série à succès tout en en assurant sa longévité. La retraite alors pour Danny ? « J’avais prévenu mon éditeur Dupuis que c’était terminé. La balle est dans leur camp. Il y a de jeunes dessinateurs brillants et l’aviation est redevenue un thème très porteur en BD ». Chez Dupuis silence radio mais à priori il devrait y avoir un repreneur.
Francis Bergèse ne va pas pour autant abandonner ses pinceaux. Cet ancien pilote de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre a longtemps réalisé les unes du mensuel Le Fanatique de l’aviation ou dessiné les aventures de Biggles, autre pilote de légende. Bergèse va se remettre « à peindre. Des scènes aéronautiques bien sûr mais historiques ». Samedi dernier il a pris comme d’habitude les commandes de son Piper Arrow. Direction Fréjorgues et Fabrègues. Avec Buck Danny comme copilote ?
Fabrègues 2010, la 12e édition ouvre ses portes
Un week-end sous le signe de la BD, le 12e festival de Fabrègues dans l’Hérault aura lieu les 4 et 5 septembre 2010 au domaine du Golf à la sortie de la localité. Et comme chaque année l’association Jetez l’encre a choisi une belle palette d’auteurs aux talents très variés sous la présidence de Louis, dessinateur de l’affiche 2010. Louis signe la série Tessa, histoire d’une jeune lycéenne qui deviendra un agent intergalactique. Parmi les présents on aura un petit faible pour Fabio Bono, déjà invité en juillet dernier au festival médiéval de Sainte-Enimie. Le dessinateur italien signe un premier album, très maîtrisé Confessions d’un templier chez Soleil. Un dessin enlevé qui cadre parfaitement avec le réalisme et le souffle de l’aventure, Bono est à découvrir et à rencontrer.
Il y aura aussi Jull pour Dreamers chez Paquet, une belle série policière au dessin efficace. Pour les régionaux à l’affiche Patrick Jusseaume pour Tramp, Christian Gine pour La Grande Ombre et Neige , Curd Ridel, Eric Hübsch pour Excalibur, Elsa Brant, Philippe Fenech ou Guillaume Lapeyre pour Les Chroniques de Magon seront à retrouver au domaine du Golf.
Au total ce sont près d’une trentaine d’auteurs qui dédicaceront leurs albums pour cette douzième édition. Mythic et Bruno Di Sano viendront avec leur héroïne Rubine. Ramaioli, Franck Brieu, Anne Rouvin, Amouriq dessineront. Côté scénaristes le Montpelliérain Rémi Guérin et ses Véritables légendes urbaines, Belya Dogan pour Jed’Kan , Dobbs avec Mister Hyde contre Frankenstein, Christophe Cazenove avec Les gendarmes accompagneront leurs dessinateurs et pourront faire découvrir à leurs fans comment ils bâtissent leurs histoires, clés de voûte de tout bon album. Le manga aura ses représentants avec Bruno Lemaire et son atelier. Un concours de strips a été lancé pour l’occasion et des expositions seront présentées sur Fabrègues. Une édition qui tiendra toutes ses promesses et garde la cap de la BD de qualité.
Fabrègues 2012, une 14e édition du festival sous le signe de la diversité
Un rendez-vous qui est devenu une tradition, le festival de BD de Fabrègues près de Montpellier ouvre ses portes le samedi 1er septembre pour deux jours de rencontres et de dédicaces. Une quatorzième édition organisée par Jetez l’encre sous la présidence de Walt, scénariste et dessinateur du légendaire Scrameustache, personnage extraterrestre sympathique qui figure sur l’affiche du festival.
C’est au domaine du Golf à la sortie de Fabrègues route de Cournonterral que la fête aura lieu. Au programme des expositions dont celle d’Elsa Brants à la mairie de Fabrègues qui durera jusqu’au 30 septembre. Au domaine du Golf pendant le festival un concours de dessins pour enfants sera organisé.
Côté auteurs invités cette année, la liste est longue avec un choix très varié de styles. Philippe Adamov sera présent avec son dernier album, Dakota, sur un scénario de Dufaux. Didier Convard, Christophe Casenove dont Midi Libre publie les planches, Kraehn, Maurel, Rémi Guérin ou L’Hermenier sont parmi les scénaristes invités.
On retrouvera Gine et Chantal Chaillet pour Les Boucliers de Mars, Jusseaume, Curd Ridel, Bernard Capo, Elsa Brants, Arroyo, Dominique Rousseau, Fenech, Mythic ou encore Dadou avec son Nicollin. À noter la rare présence de Franz Zumstein avec son Faucon du désert. Le manga n’est pas oublié avec Reno Lemaire, Guillaume Lapeyre et Mancini.
Articles similaires