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Artemisia, peintre et femme libre

Elle a été la première femme à être reconnue par l’Académie, en un mot l’égale des peintres hommes. Ce qui en ce XVIIe siècle en Italie relève du sacrilège ou du miracle, au choix. Certes Artemisia est issue d’un milieu artistique, son père est connu. Le Caravage défraye la chronique et la gamine prépare les couleurs de son père qui accepte qu’elle apprenne seule son métier. Une têtue cette jeune fille dont Nathalie Ferlut raconte la vie, le parcours et la volonté à toute épreuve. Tamia Baudouin a donné un relief tout particulier à ce personnage hors normes, un regard, une finesse de trait, une sorte de possession qui lui donnera la force de s’imposer ce qui ne sera pas simple tout au long d’une vie dramatique. Parution le 16 août.

Elle a le don Artemisia. Son père Gentileschi le sait. Artemisia n’aura désormais de cesse de se faire accepter comme peintre. En 1611 déjà son père essaye de convaincre son ami Tassi de lui donner des conseils. Elle servira de modèle à son père mais sa réputation va en pâtir. Elle s’accroche et accepte les leçons de Tassi mais leur relation tourne au drame. Tassi la viole. Ce n’est que beaucoup plus tard que sa propre fille, Prudenzia, l’apprendra. Une relation ambiguë se noue entre eux. Tassi apprend la perspective à Artemisia, la fait peindre en extérieur. Mais le torchon brûle entre le maître et l’élève. Artemisia finit par avouer à son père le viol de Tasssi. Un procès va en découler.

La suite sera sa victoire. Elle rentrera à l’Académie devenant un membre à part entière d’une gilde respectée. Elle pourra vendre ses œuvres. Artemisia est une révolutionnaire avant l’heure, un femme de talent qui ne peut accepter que son sexe l’empêche d’être reconnue. Même si souvent ses œuvres seront attribuées à son père. Son viol est la clé de son inspiration. On la connait peu. Il fallait bien qu’on puisse la redécouvrir et lui rendre hommage. Le très beau dessin enluminé de Tamia Baudouin et le récit de Nathalie Ferlut ont atteint leur but. On est sous le charme. Un rappel, le prix Artemisia co-fondé en 2007 par Chantal Montellier et Jeanne Puchol a pour objectif de mettre à l’honneur la production féminine dans la bande dessinée pour le scénario et/ou le dessin.

Artemisia, Delcourt, 15,95 €

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