Un album de Pascal Rabaté annoncé, c’est toujours un coup au cœur. Et quand il est sorti cela devient un coup de cœur. Sans compter que cette fois Rabaté a innové dans un album livre, un dépliant scénique, un accordéon qui joue des histoires sans paroles, des scènes de vie en une planche. Elle s’enchaînent le jour puis la nuit, on regarde la rue et par les fenêtres. On en suit les héros chez eux, indiscrets. Ils s’aiment, se détestent, se méprisent, s’ignorent, vivent et même se tuent. Un petit théâtre de la largeur de trois ou quatre façades, un bistrot que l’on repeint, un échafaudage, un peintre qui aime le nu et des couples qui s’aiment nus.
Rabaté a fait de son Fenêtres sur Rue un hommage à Fenêtre sur cour. Ce n’est pas un hasard si un certain Sir Alfred, dans son costume noir, déambule sur le trottoir. Et accompagné de qui ? D’un certain Monsieur Hulot. Jour de Fête dans la rue avec Jacques Tati compagnon de route de Hitchcock pour l’occasion. Regardez bien les petites lucarnes de jour et de nuit. On y joue des films qui vous diront quelque chose.
Rabaté en dix tableaux, signe un moment de bonheur pur, le train de la vie qui se déroule sous nos yeux, la notre avec ses couleurs, ses joies, ses peines et ses bonheurs. Rabaté mélange BD, cinéma, théâtre à sa façon. Le résultat est exceptionnel pour cet auteur, réalisateur qui a repris ses pinceaux. Crève saucisse, Les Petits Ruisseaux, Ibicus bien sûr, et tant d’autres titres, Rabaté est incontournable, un talent pur.
Fenêtres sur rue, Noctambule, Éditions Soleil, 18,95 €
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