Claire Fauvel signe Une Saison en Égypte (Casterman) dont la chronique a paru sur Ligne Claire. Deux hommes que rien ne devait rapprocher vont devenir amis au vrai sens du terme et aimer la même femme, une danseuse orientale. On est au XIXe siècle au Caire et dans le désert égyptien. Claire Fauvel, venue de l’animation et dont c’est la première BD, a confié à Ligne Claire au Salon du Livre comment a pris vie cet ouvrage. Avec pudeur et humilité elle est revenue sur Une Saison en Égypte plein de charme qui montre le talent très prometteur de cette jeune auteure. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Pourquoi ce choix de l’Égypte et du XIXe siècle ?
J’ai toujours aimé le côté romanesque de cette époque et en particulier la littérature romantique. Tolstoï par exemple où il y a beaucoup de personnages. Je lui ai fait un petit clin d’œil avec Sacha l’un de mes héros. J’ai lu aussi les récits de voyage de Flaubert ou de De Nerval. Seconde raison, l’Orientalisme, la peinture, la couleur des tableaux. Cela vient aussi de ma formation artistique. Enfin, il y a dans cette histoire des éléments de ma vie, une inspiration à la suite de rencontres diverses.
Vous racontez une superbe histoire d’amitié mais aussi d’amour passion ?
C’est un triangle amoureux. Il y a Sacha, le poète russe, parti au soleil après le froid de Moscou. Poète d’occasion en fait. On va suivre son évolution au long des pages. Il rencontre un couple sur le bateau. Le mari est peintre, français. Il est venu chercher l’inspiration en Égypte et on revient ainsi à l’Orientalisme. Sa femme est plus effacée que lui, totalement extraverti.
Ils deviennent amis mais la fin sera, disons, difficile ?
Ce n’était pas possible que cela se finisse bien. On est dans un drame romantique. L’Orient les a réuni. Leur relation va se construire. Ils arrivent en Égypte avec leur propre vision, un côté encore explorateur et c’est aussi le début du tourisme en Orient.
On sent dans votre récit et dans le dessin la fascination de vos personnages pour l’Égypte.
Une fascination à l’époque tout à fait occidentale en particulier pour la femme orientale. Ils tombent amoureux d’une danseuse qui est gitane, pas voilée, qu’un riche Cairote a fait danser devant eux lors d’une soirée. Elle devient leur passion commune.
Comment s’est monté ce projet ?
Grâce à mon éditrice chez Casterman, Christine Cam, qui y a cru et m’a beaucoup aidé. On a rediscuté sur le projet, sur la trame. On l’a enrichi. Le texte au départ était un peu trop naïf. On a bien calé le scénario en détail, le découpage. J’ai fait un story-board, retravaillé les dialogues. Le dessin est venu assez naturellement et la couleur est directe.
Vous n’étiez pas habitué à la façon de créer une BD ?
Non, pas vraiment. Et cela m’a inquiété au départ. Je ne me suis pas rendu compte de la difficulté. Chaque étape m’a un peu angoissé. A la moindre retouche je reprenais tout. J’ai passé un an et demi sur cet album. C’est long. J’ai voulu y mettre tout ce que j’avais, trop même. Je dois arriver à aller plus vite à l’essentiel.
Vous êtes angoissé aussi de la façon dont l’album va être reçu ? Et ensuite ?
Bien sûr. Je n’aimerais ne faire que de la BD. Si j’y arrive. Je viens de l’animation et suis très influencée par les mangas. J’en ai beaucoup lu adolescente. Il y a dans le manga une grande force dans la narration. J’aimerais aussi voyager, aller dans les pays dont je parlerai ensuite dans mes albums. Un autre projet pourrait se passer dans les années soixante, avec un couple, en voyage mais ce serait la musique cette fois la toile de fond artistique.
Dans Une Saison en Égypte, à la fin, vous laissez une porte ouverte ?
Oui mais pour l’imagination du lecteur.
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