Les dix nominés pour le Fauve d’Or, prix du meilleur album du prochain festival d’Angoulême, le 45e, viennent d’être annoncés. Pas vraiment de grosses surprises. On retrouve le Gipi déjà récompensé par le prix de la critique ACBD. On apprécie la présence de Emma G. Wildford d’Édith et Zidrou ainsi que le Hip Hop Family Tree de Piskor, une œuvre attachante mais surtout atypique. Enfin c’est vrai que la Saga de Grimr est le vrai coup de cœur à titre personnel de cette sélection de dix titres. On note que le très médiatique et médiatisé Dans la combi de Thomas Pesquet est dans la course. On regrettera l’absence de Guirlanda, d’Une Sœur, de Variations et d’autres encore. Les membres du Grand Jury de la 45e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême se sont donc réunis le lundi 8 janvier pour établir cette liste des dix albums en lice pour le Fauve d’Or – Prix du Meilleur Album. Tout choix est respectable. On a l’impression toutefois que toutes les tendances, voire les dosages, ont été respectées sauf celle d’un titre vraiment grand public comme Gus 4 ou Opération Copperhead. J-L. T
Sont donc cités :
Emma G. Wildford, Zidrou & Édith, Soleil Éditions, Collection Noctambule.
Poétesse anglaise du début du XXe siècle, Emma G. Wildford décide de partir à la recherche de son mari disparu depuis plus d’un an en Scandinavie. entre l’Angleterre et la Laponie, la palette de la dessinatrice se libère à mesure que s’émancipe son héroïne. Un décor d’aventures aux couleurs surannées s’échappe de cet album soigné comme un objet d’époque.
Hip-Hop Family Tree T3, Éditions Piskor, Papa Guédé.
Ce troisième volet de l’histoire du mouvement hip-hop s’intéresse aux années 1983-1984, qui voient éclore une nouvelle génération d’artistes comme Run-D.M.C., LL Cool J ou Public enemy. Du rap au graffiti, la saga d’ed Piskor, distinguée par un Eisner Award, fait revivre les origines d’une culture urbaine marginale devenue langage universel.
Istrati ! T1 Le Vagabond, Golo, Actes Sud BD.
Grand voyageur et amoureux des livres, l’écrivain roumain Panaït Istrati (1884- 1935) ne pouvait que séduire cet autre citoyen du monde qu’est Golo. L’auteur réalise une biographie dessinée d’une belle densité, nourrie par un dessin foisonnant et portée par la même passion pour la littérature, la liberté et l’aventure.
L’inconnu, Anna Sommer, Les cahiers dessinés.
Le jour où Hélène découvre un bébé dans la cabine d’essayage de sa boutique, elle décide de le garder sans en parler à personne… Derrière son trait épuré d’une lisibilité parfaite et d’apparence inoffensive, Anna Sommer cache une redoutable capacité à disséquer les sentiments, à traquer le malaise et à pointer les névroses contemporaines.
Megg, Mogg & Owl, Happy Fucking Birthday, Simon Hanselmann, Misma.
Difficile d’imaginer personnages plus déjantés que ceux de Simon Hanselmann ! La structure classique des planches et le dessin d’une grande simplicité apparente ne dissimulent pas la dimension « trash » de cette série inspirée par une enfance difficile, qui permet à son auteur de dépasser des traumatismes personnels tout en provoquant le rire doux-amer du lecteur.
La Saga de Grimr, Jérémie Moreau, Éditions Delcourt.
Dans l’Islande du XVIIIe siècle, exploitée par le Danemark et confrontée à la misère provoquée par une succession de catastrophes naturelles, un jeune orphelin, Grimr, doit prouver sa valeur. Dessinateur du Singe de Hartlepool et auteur de Max Winson, Jérémie Moreau signe un conte épique dans la lignée des grandes sagas islandaises.
La Terre des fils, Gipi, Futuropolis.
Sur une terre à l’abandon où la violence impose sa loi, un père survit avec ses fils. Chaque soir, il écrit dans un carnet des mots que ses enfants, illettrés, ne peuvent comprendre. Une réflexion sur la transmission, le langage et l’amour, qui marque une nouvelle étape pour Gipi.
Alors que j’essayais d’être quelqu’un de bien, Ulli Lust, Ça et Là.
Dans le prolongement de Trop n’est pas assez, Ulli Lust, lauréate du Fauve Révélation en 2011, se remet en scène cinq ans plus tard à Vienne avec la même sincérité de ton. Brossée par un trait noir et souple qui s’épanouit dans la volupté d’une bichromie rose, la confession intime de cette artiste en quête d’elle-même chante un hymne à l’émancipation.
Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher, Glénat.
Timothé Le Boucher signe un thriller psychologique captivant dans un style précis inspiré du manga. Il réussit un tour de force narratif, subvertissant l’histoire de science-fiction classique du double identitaire par la mise en scène d’un personnage en lutte, lancé dans une course désespérée à la reconquête de lui même, à la recherche du temps perdu.
Dans la Combi de Thomas Pesquet, Marion Montaigne, Dargaud.
Marion Montaigne s’est fait connaître il y a près de 10 ans à travers le blog Tu mourras moins bête… mais tu mourras quand même !, décliné en livres et adapté en série animée sur Arte. Avec le même humour ravageur et le plaisir d’expliquer, ce reportage retrace la trajectoire de Thomas Pesquet, le célèbre astronaute français envoyé récemment dans la Station spatiale internationale.
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