Il y a d’abord le titre. Il fallait le choisir et croyez moi, c’est un habitué des Unes pour quotidien qui le dit. Un chef d’œuvre qui contient tout l’album. Faut pas prendre les cons pour des gens, c’est aussi du Audiard dans l’esprit et du Bedos reconverti, raccourci. L’album est un petit monument décalé d’humour qui flirte aussi avec Choron. L’être humain au quotidien et dans un futur où la bêtise est reine. Emmanuel Reuzé a dessiné brillamment, avec beaucoup d’idée car pas évident le sujet, et avec Nicolas Rouhaud ils ont écrit le scénario. De l’inclassable très con pour tous les âges, et pour tous car l’on est tous un peu, con.
L’éducation nationale élague. Hugo est censuré. Finis les Ternardier, Javert, on ne garde que les conjonctions. Ce que le petit Kevin a bien compris. Plus la peine de partir en live sur des idées à la con justement. Idem pour la justice. Prévention, action, piège à cons. Tout fonctionne, anticipation, punition. Plus de problème les futurs délinquants en prison. Ah les cons. Une secte de cons qui s’holocauste. Si il n’en reste qu’un ce sera le moins con. Faut bien une hiérarchie dans la catégorie. Horreur, bonheur, des gamins collectionnent les photos horribles des paquets de cigarettes. Et si c’était vrai ?
Difficile de restituer toute la connerie humaine car elle est sans fin, se renouvelle, mais souvent plausible, près de nous. Dérapages contrôlés, absurdes rejoints par une réalité qui fait peur. Racisme, religion, abus sexuels, suicide au travail, ils ont rempli la benne et mis en scène des histoires courtes édifiantes mine de rien. On a adoré les patients obligés d’opérer à l’hôpital par manque de personnel. Le bébé expulsé aussi, ou la ville anti-migrants. Trump avec eux. Le dessin est créatif, mitonné. Un premier recueil qui ouvre des horizons sans fins. Le rire va-t-il désamorcer la connerie, alerter les médias ? Rêvons.
Faut pas prendre les cons pour des gens, Tome 1, Fluide Glacial, 12,90 €
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