Le roi du crime, Fantômas, a subjugué Olivier Bocquet qui a écrit le scénario d’une nouvelle série dont il est le héros superbement mis en images par la québécoise Julie Rocheleau. Le premier tome sort aujourd’hui. (Article à lire aussi dans le numéro de janvier du magazine Zoo).
Il a fait trembler de peur plusieurs générations de lecteurs fidèles du feuilleton ou des romans écrits par Marcel Allain et Souvestre au début du siècle dernier. Fantômas est de retour, loin, très loin de l’image qu’ont pu donner de lui le cinéma des années soixante avec un De Funès sautillant ou un Jean Marais dans son double rôle du journaliste Fandor et d’un Fantômas tout bleu.
Avec La Colère de Fantômas (Dargaud) Olivier Bocquet dont c’est le premier album comme scénariste revient au personnage original, inscrit dans l’inconscient collectif : « premier héros masqué et français, Fantômas est un vrai méchant. J’ai voulu avec cette série réhabiliter l’œuvre, le personnage. Et puis avec la BD on peut faire du cinéma, ma passion, mais en moins cher ». Et son Fantômas ne va pas y aller de main morte. On lui coupe la tête et il ressuscite. Se venger de Paris et de ses juges, rien ne pourra faire reculer ce maître du crime capable de prendre le visage de n’importe qui.
« Je ne voulais pas tomber dans l’hommage. J’ai fait un vrai travail d’archéologue en relisant tous les romans pour ce projet que je porte depuis longtemps et qui est dans la plus pure lignée du feuilleton. J’aurai aimé une prépublication par série de huit planches qui est le découpage de l’album. Tout le monde connait Fantômas sans vraiment savoir qui il est. Il fallait le sortir de la naphtaline, le moderniser tout en respectant l’original ».
Surprendre le lecteur, à chaque page, la poussée d’adrénaline garantie, Bocquet réussit ce pari. Fantômas est sans pitié, machiavélique : « on ne sait pas pourquoi il aussi naturellement méchant ». Son retour, après sa mort présumée, se fera sur la scène d’un théâtre, dans une pièce dont il assassine l’acteur principal et tire dans le public. Juve et Fandor repartent à sa poursuite. A leurs risques et périls.
Au dessin, la québécoise Julie Rocheleau. « Quand j’ai proposé mon projet à Dargaud c’est à Julie que l’on a confié le dessin » ajoute Bocquet. « Cela me changeait beaucoup de ce que j’avais fait, un premier album jeunesse » avoue Julie Rocheleau. « J’ai un peu été surprise que l’on me choisisse pour une ambiance aussi violente. Mais je me suis dit, après tout pourquoi pas ? » Cela n’a pas été simple. Elle a ajusté son dessin en travaillant avec Bocquet sur le story-board. « Je me suis faite à l’idée et j’ai adopté ce personnage hors du commun, tout neuf pour moi. Je me suis documenté car pour une Québécoise Fantômas reste le héros des films avec De Funès. Il ne fait pas partie comme en France de notre culture ».
Julie Rocheleau a réussi à dompter le monstre Fantômas. Mieux. Elle se l’est approprié et lui a donné un relief saisissant .Un trait souligné, précis, clair, évocateur. Avec des envolées que ses couleurs directes, lavis, crayons de couleurs adaptées ensuite sur écran magnifient. « J’ai eu un grand plaisir à développer quelque chose de nouveau pour moi. J’ai pris goût à ce genre réaliste, très dense, qui va vite et qui permet aussi de la fantaisie ».
Quand on dit à Julie Rocheleau qu’il y a du Mattotti dans son dessin de Fantômas on la sent, même au téléphone à plusieurs milliers de kilomètres, rougir de plaisir. Fantômas est de retour. Pour le meilleur grâce à Bocquet et Rocheleau. Sans fausse note et un avenir prometteur pour la suite de ses dramatiques aventures.
La Colère de Fantômas, Tome 1, Les Bois de justice, Éditions Dargaud, 13,90 €
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