Une nouvelle édition d’Exil qui retrace à la fois la Guerre d’Espagne mais aussi la Retirada, l’exil en France et le Franquisme totalitaire jusqu’à la mort du Caudillo. Combien de fois a-t-on posé cette question aux Espagnols installés dans le Sud de Perpignan à Montpellier : pourquoi habitez-vous en France ? Les Français ont la mémoire courte au point souvent de ne pas se souvenir que l’Espagne a servi de répétition à la Seconde Guerre Mondiale et que les Républicains ont été accueillis contraints et forcés par une France qui n’en voulait pas et les a mis dans des camps à Rivesaltes. Exil et Francisco qui raconte, c’est tout ça, et plus encore. La première édition a paru en 2013 et on en avait longuement parlé dans Ligne Claire. Retrouver aujourd’hui cette fresque nécessaire et si bien mise en images méritait qu’on en reparle.
Francisco est le narrateur. Espagnol, il habite en France et va recevoir sa famille. Il se souvient de la neige quand lui le Républicain fuyait vers la France en 1939, sa rencontre avec un photographe qui va se faire tuer à ses côtés. Il gardera son appareil et son carnet. En 1936, il a rejoint les rangs des Républicains quand a eu lieu le coup de force franquiste. Il est parti à la recherche de son père, ses frères. Il sera accepté parmi les troupes qui vont se battre mais seront tout autant sans pitié que leurs adversaires. Même en interne les tensions sont rudes. Madrid ensuite, le départ pour la France, les brimades à l’arrivée, la plage sur laquelle ils sont parqués. Mais aussi des retrouvailles.
On sent dans ce récit signé par Jean-Marie Minguez au dessin et co-scénarisé avec Henri Fabuel que la Guerre d’Espagne reste très vivace dans les mémoires espagnoles de tout bord et pour des raisons contradictoires selon les camps. Reste le Franquisme totalitaire contre lequel l’Europe entre autres ne fera rien. Les Espagnols auront la chance d’avoir un roi qui les mènera vers la démocratie. Juan Carlos a eu ce mérite. Exil est une somme à la fois historique et familiale qui permet de se souvenir et faire acte de mémoire. Depuis bon nombre de BD sur la Guerre d’Espagne ont vu le jour et c’est tant mieux. Un cahier des coulisses très intéressant termine l’album.
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