Une rétrospective de l’œuvre de Gilles Chaillet est proposée du 6 au 21 avril 2018 à la galerie du 9e Art à Paris. Le vernissage est prévu le jeudi 5 avril à 18h. C’est toujours un plaisir de pouvoir voir et revoir des planches de Gilles Chaillet qui nous a quitté bien trop tôt. On a rêvé avec son Vasco qui sera repris par Dominique Rousseau et par Chantal Chaillet qui a préservé son œuvre. On a toujours été bluffé par la parfaite connaissance de la Rome antique qu’avait Gilles Chaillet que l’on a souvent vu à Fabrègues ou à Sainte-Enimie, au Salon du Livre. Gilles était un homme charmant et d’un grand talent. A l’occasion de cette rétrospective qui propose aussi à la vente les originaux le 5 avril à partir de 18h sur galerie9art.fr et à la galerie, Ligne Claire fait aussi un bref retour en arrière sur ses rencontres avec Gilles Chaillet. Propos recueillis par J-L. TRUC.
Galerie 9e Art – 4, rue Cretet – 75009 Paris – 01 42 80 50 67
Voici une interview de Gilles Chaillet au moment où il lançait Vinci
C’est avec Jacques Martin que Gilles Chaillet fait ses premières armes. « Il m’a appris la rigueur. » Mais travailler avec le père d’Alix (Rome déjà), qui avait envoûté le jeune Gilles enfant, et de Lefranc sur neuf albums au total peut donner des envies d’indépendance. Chaillet crée donc Vasco, un héros vénitien et se lance en solo. On va suivre Vasco à la trace dans une Europe du Moyen Âge en proie à tous les tourments, des Cathares de Montségur à la Chine de Marco Polo. « J’ai eu envie de passer à autre chose tout en gardant seulement le scénario de Vasco », avoue Chaillet. Et c’est un joli bébé que va dévoiler en exclusivité à Fabrègues le plus italien dans l’âme des auteurs de BD. Léonard de Vinci, personnage mythique, génie qui navigue entre ombre et lumière est le héros de son nouvel album. Le scénario est de Didier Convard, l’un des meilleurs raconteurs d’histoire à grand spectacle de sa génération.
« J’ai été emballé. Vinci est un personnage fascinant mais inquiétant. C’est un inventeur, pas seulement le peintre de La Joconde. On est dans un vrai thriller avec un enquêteur qui essaye de trouver un meurtrier en série et Vinci qui joue avec lui au chat et à la souris. Et rien à voir avec le Da Vinci Code bien sûr. » Du cousu main et un dessin que Chaillet a sublimé travaillant le texte de Convard pour en faire deux tomes de 54 pages : « J’ai abandonné le dessin au feutre et repris la plume aidé par un encreur, Marc Jailloux. » Du beau travail, soigné, enlevé. Convard et Chaillet ont désormais donné une autre dimension au maître italien. Il n’y aura que deux albums. Pas de suite. Chaillet a déjà terminé un scénario. Rome encore avec Les Boucliers de Mars, une sorte de western à la romaine pour son ami Gine, le dessinateur sétois.
Vinci, Tome 1, L’ange Brisé, Glénat, 13,90 €
Les Boucliers de Mars avec Gine
Et à la sortie de l’album, on avait rencontré Chaillet qui s’est livré et revenait sur sa carrière et Gine. Avec Les Boucliers de Mars Gilles Chaillet, le dessinateur de Vasco (qui avait fait passer son héros italien par le village lozérien de Sainte-Enimie) et de Lefranc avec Martin s’est embarqué dans cette nouvelle aventure aux côtés de Christian Gine. Sétois d’adoption Gine était plus habitué aux étendues désertiques de sa célèbre série Neige qu’aux grandes batailles entre Légions et Parthes. « J’ai eu envie de casser mon étiquette d’auteur post-atomique » avoue en souriant Christian Gine qui a pris la direction de Rome au Ier siècle, à l’apogée de l’empire sous le règne de Trajan. Une légende voulait que si l’un des douze boucliers de Mars du Forum bougeait Rome était en danger. Ce qui va arriver dès la première planche de l’album.
En spécialiste incontournable – son ouvrage illustré Dans la Rome des Césars (Glénat) est une référence – Gilles Chaillet décrit dans Les Boucliers de Mars (Glénat) le destin de l’empire « à travers deux hommes, un officier sorti du rang et un fils de famille patricienne. Je ne voulais pas trop compliquer l’intrigue. » L’officier Charax sera donc le héros que l’on suit vers les lointaines contrées d’Orient ou règnent les Parthes. Trahisons, fortin assiégé sur les frontières de l’Empire, embuscades dans les canyons, Légions perdues, Gilles Chaillet a transposé tout l’univers du western dans cette saga qui aura trois tomes pour emmener ses lecteurs au terme d’une aventure mouvementée et colorée.
« C’est un projet dans lequel la personnalité de Christian Gine s’imposait » insiste Gilles Chaillet qui a endossé cette fois la toge du scénariste. « Il fallait un dessinateur qui avait déjà fait une BD historique et Gine, dans sa première série Capitaine Sabre, avait même dessiné une charge de cavalerie. » Une fois le tandem constitué la documentation, troisième base incontournable de toute bonne BD historique, devait tenir la route. Une évidence pour Gilles Chaillet : « depuis mon enfance je ne cesse de travailler, d’accumuler des renseignements sur la Rome antique. » Ce qui a permis à Gine de travailler plus facilement : « la documentation est la base d’un bon dessin. Ensuite c’est à moi d’imaginer avec mon crayon ce que veut le scénariste. Gilles m’a laissé une liberté totale. » Plus qu’une BD historique Gine et Chaillet ont mis en scène une production à grand spectacle dont l’action éclate à chaque planche. Les destins se croisent, se choquent. Il y aura aussi la belle Sabine qui viendra jeter le trouble entre les deux héros. Tradition de tout bon western oblige.
Les Boucliers de Mars, Tome 1, Glénat, 13,90 €
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