Un nouveau Eric Stalner, c’est toujours une joie et très souvent une belle surprise. D’autant qu’avec Bertille et Bertille, l’étrange boule rouge, il est seul à la manœuvre. Un polar pur et dur avec coups tordus, une jeune et piquante héroïne, un commissaire bourru mais honnête, le tout auquel s’ajoute une grosse pointe de couleur à la fois fantastique si ce n’est philosophique. Le dessin a volontairement pris un ton plus aérien, léger, en noir et blanc où seul le rouge tranche. Alors c’est quoi cette boule rouge ? Un symbole ? Une arme, des envahisseurs ? Mais Bertille et Bertille vont se charger de l’affaire dont les pages se dévorent un peu comme un Tardi sous l’emprise d’Adèle.

La guerre, la grande n’est pas encore bien loin. Années Folles et magouilles, anarchisme, la police veille au grain. Le commissaire Bertille veut mettre la main sur Palovski, un activiste. Le Préfet y tient. Mais quand il ramène l’oiseau au nid Quai des Orfèvres, en pleine campagne, une grosse boule rouge atterrie sous ses yeux dans un sillage infernal. Avec ses hommes il va vers l’objet mystérieux, tombe sur une jeune femme belle et qui a de la répartie. Elle est là par hasard. Par contre Palovski en profite pour prendre la fuite malgré l’inspecteur Laprot qui le gardait. Bertille emprunte la voiture avec chauffeur de la jeune femme qui a pour prénom… Bertille, riche et délurée. Pas le grand amour entre Bertille et Bertille d’autant que le commissaire a la pression à cause de Palovski et que les scientifiques s’interrogent sur la boule rouge. Motus pour ne pas alarmer le bon peuple.

On comprend vite qu’il y a affaire dans l’affaire, que l’évadé pourrait bien être une cause de soucis, que Bertille le flic se fait balader. Mais que Bertille la jeune femme est une fine mouche qui a bien sûr une idée sur la boule rouge, menace ou pas potentielle. Deux affaires en parallèles, du classique et de l’étonnant pour ce one-shot qui en met plein la vue. On adore le duo qu’on verrait bien se retrouver dans l’avenir, Monsieur et Madame Détective. Eric Stalner a signé en 104 pages un joli conte feuilleton sans temps mort (et en plus il y a des avions) sur la peur de ce que nous ne comprenons pas avec une Bertille touchante et un Bertille droit dans ses bottes.

Bertille et Bertille, L’étrange boule rouge, Grand Angle, 19,90 €