Quelques titres en bref pour lire cet été 2015. Tous les genres et pour tous les goûts, mais des valeurs sûres à ne pas manquer. Ces chroniques ont aussi paru dans le mensuel gratuit montpelliérain IDEM.
Une idée curieuse que de développer en BD les années qui ont précédé celles de la série TV, Un Village français qui se passe pendant l’Occupation. On va donc se retrouver en 1914, à la veille de la Grande Guerre à Villeneuve, une localité fictive du Jura. Il y a déjà des clans et des liaisons, des amourettes, des intérêts en jeu chez les Larcher, Schwartz et Breylleau. La mobilisation va sonner le glas pour beaucoup de familles. Un démarrage confus et lent pour ce premier des trois tomes prévus. Le dessin est aussi figé.
Un Village français, Tome 1, 1914, Soleil, 14,50 €
Une œuvre qui flirte avec surréalisme et l’absurde. Une influence certaine, celle de Moebius pour ce voyage dans le néant d’un homme à chapeau dont l’horizon est la limite toujours repoussée. Un jeu de piste fléché angoissant et captivant, déroutant où il ne se passe rien. Sauf ce que veut bien y mettre le lecteur. Mathieu a le culte du dérisoire et de l’interrogation gratuite saupoudrée d’humour décalé souvent, graphiquement parfait, sobre, glacé.
On commémore cette année le centenaire du génocide arménien. En 1915 le gouvernement turc décide de déporter puis d’assassiner les Chrétiens d’Anatolie. On suit le destin de deux enfants arméniens confiés par son père à un jeune adolescent turc qui doit les mettre en lieu sûr. Ce sera une longue route, dangereuse, mortelle pour Varto et Maryam dont les descendants auront du mal à se reconnaître et se retrouver. Un album très émouvant sur la négation du génocide et qui en reprend le déroulé dans un dossier complet.
Varto, 1915, deux enfants dans la tourmente du génocide des Arméniens, Steinkis, 15 €
Horreur et épouvante sont au rendez-vous de ces nouvelles de Lovecraft. Des civilisations perdues qui transforment les rêves des humains, malédictions et monstres enfouis sous terre, des phénomènes qui défient la raison, on tremble en lisant ces récits que Horacio Lalia a dessinés en noir et blanc. Pas de répit ni humour, Lovecraft sonde l’âme tourmentée des hommes et leur renvoie leurs propres terreurs. On est sur une forme graphique traditionnelle digne des années soixante mais très efficace.
Les Cauchemars de Lovecraft, L’Appel de Cthulhu et autres récits de terreur, Glénat, 30 €
Il est né pendant la guerre, dans Spirou. Agent d’assurances de choc, Jean Valhardi sacrifiera aux héros de l’époque. Grands sentiments, valeurs morales, la veuve et l’orphelin, et surtout Jijé aux crayons, Valhardi le détective va vivre des aventures exotiques et lointaines ou parfois dans sa Belgique natale. Avec Valhardi, Jijé s’impose et devient l’un des premiers « piliers » de la BD franco-belge.
Valhardi, L’Intégrale, Tome 1, 1941-1946, Dupuis, 35 €
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