Une journaliste, jeune et jolie, qui travaille sur une chaîne d’infos en continu, KfmTV, c’est la nouvelle héroïne de Erroc (Les Profs) et Arnaud Poitevin (Les Spectaculaires). Autant dire que Lucile Doucet, c’est son nom, tombe à pic en ses heures de stress organisées où on prend sa dose, ses doses à répétition sur des chaines qui ont un sens pour le moins limite parfois, souvent, de ce qu’est la vraie information. L’audience est reine, on dément si besoin et on a en ligne de mire d’être la première à montrer, commenter ce qui se passe de préférence en France (et de plus violent) à croire que, sauf exception, le reste du monde n’a qu’un intérêt relatif. Donc on aurait pu s’attendre au pire avec le breaking news de Lucile mais les deux auteurs ont été méfiants, prudents tout en restant efficace dans leur démonstration, présentateur vedette mais bon ça ce n’est pas nouveau, reportages chocs et manipulations si besoin, orientation de l’info, on en passe ce qui n’empêche qu’on continue à regarder ces chaînes en continu, quatre en France, une de plus qu’aux USA. C’est tout dire et en plus n’exonère pas les chaines TV classiques des mêmes travers. On a oublié 1991 avec la Guerre du Golfe, la première et bien sûr le 11 septembre 2001.
Elle a son premier job Lucile. Degré zéro de l’info jamais vérifiée, son copain trace le paysage mais quand on sort d’une école de journalisme, de nos jours et hier aussi, on prend ce qu’on trouve. KfmTV, c’est du dur avec un patron sans états d’âme, un directeur de la rédaction, Cambouis, qui n’a qu’un but, que KfmTV soit la première sur les coups. Pascal Pépin, bronzé à souhait et beau gosse, enfin il le croit, est le présentateur vedette. Ensuite il y a les reporters de terrain dont certains ont des plombs en moins car pas simple de résister à la pression à KfmTV. La jolie Lucile a vite compris un que son physique va lui servir, et deux que tout passe à l’écran. Mais que désormais son statut lui donne une aura inattendue et un pouvoir certain.
Une chronique critique qui aurait pu être plus méchante, ou au moins plus pointue. Télé poubelle et nécrologie d’un politique bien vivant, des spécialistes de tout et rien, une info people qui chasse la catastrophe, il y a quand même de belles pointes comme ce reportage sur « est-ce que l’extrême pauvreté dérange ». Des planches gags et une histoire courte, Lucile et l’info fonctionne sur le fond. On rit jaune parfois, l’humour fait mouche avec cette rentrée des classes positive. C’est finalement la présentatrice du JT qui est la plus dans le ton et dans les formes. On ne boude pas notre plaisir avec cette BD très familiale tout en regrettant que 71% des Français suivent l’actu à la TV au détriment du papier.
Lucile & l’info, Bamboo Édition, 10,95 €
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