Eric Hübsch était dernièrement en dédicace au festival de Sainte-Enimie en Lozère avec ses deux albums tirés de la pièce de Marcel Pagnol, Topaze parus chez Bamboo. Il a d’ailleurs reçu le prix de Festival 2017, Bulles de Burle pour le tome 2. Eric Hübsch est revenu avec ligneclaire.info sur la genèse de la collection qui a pour but d’adapter la totalité des œuvres de Pagnol. Il dit aussi comment il s’est retrouvé associé au projet. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Eric Hübsch, comment s’est montée l’opération Pagnol ?
Le scénariste Serge Scotto qui connait Nicolas Pagnol, petit-fils de Marcel, lui a proposé l’idée d’adapter en BD ses œuvres. Il y avait eu une première adaptation de Jacques Ferrandez et la famille avait été déçue. Ce n’était pas à leurs yeux une vraie adaptation. Si c’était Serge qui adaptait ils étaient d’accord. Scotto travaille avec une autre scénariste Eric Stoffel et ils ont proposé à Bamboo ces adaptations sur une durée de sept ans environ. Il y a les titres les plus connus comme La Gloire de mon père ou Marius mais aussi d’autres plus confidentiels comme Jazz, la première pièce de Pagnol. Le rythme de parution est à raison de trois ou quatre titres par an et il fallait choisir un dessinateur à chaque fois dont l’univers graphique correspondait le mieux à celui du titre.
Quand avez vous commencé à travailler sur Topaze ?
En 2015. Bamboo a été le seul éditeur sollicité. Pour chaque dessinateur on devait faire trois pages d’essai qui devaient être validés par tous, de la famille Pagnol à l’éditeur et aux scénaristes. Pour La Gloire de mon père le dessinateur a changé en cours de route. Ils m’ont contacté pour Topaze en fin 2014. J’ai fait des essais qui ont été acceptés et Topaze a paru en deux albums. Il y a de nombreux dialogues ce qui justifie les deux tomes et pourtant ils ont coupé près de trente pour cent du texte. Le premier tome est sorti en 2016. Ils voulaient publier trois titres et finalement ils en ont sorti deux dont Merlusse. Pièces de théâtre, livres, films toute l’œuvre de Pagnol est concernée.
Je fais des story-boards de tout l’album et on corrige ensuite si besoin. Par contre je ne fais pas la couleur.
Cela a été difficile de travailler sur ce projet ?
Oui car je passais avec mes autres BD d’un univers imaginaire à celui assez cadré d’un récit qui a pour environnement les années trente. J’ai eu un peu de mal avec les voitures, les détails techniques. Et puis sur le fond, c’est un huis-clos où les personnages sont assis en train de discuter. Sur plusieurs pages ils sont au même endroit. Ce sont les scénaristes qui ont trouvé des astuces pour changer de point de vue, des cadrages pour donner une dynamique. Il y a eu des scènes plus compliquées que d’autre.
Et après Topaze toujours Pagnol ?
Je vais dessiner Cigalon et j’en suis à la page 23 du story-board. Au départ c’est un roman de Pagnol puis un film mais ce n’est pas dans le même esprit que Topaze. Topaze c’est en ville dans des milieux d’affaires. Cigalon se passe dans un petit village, La Treille qui revient souvent chez Pagnol, et raconte la rivalité entre deux restaurants. Cigalon est un chef reconnu qui rachète un restaurant mais juste pour y vivre. Il considère que les gens ne sont pas dignes de lui et de sa cuisine. Son ancienne blanchisseuse vient le voir et lui annonce qu’elle veut devenir restauratrice. Il la conseille mais quand il comprend qu’elle va s’installer en face de chez lui il décide de rouvrir son restaurant. C’est vraiment très pagnolesque avec des personnages truculents et des répliques en ping-pong. L’album est prévu pour le premier trimestre 2018.
Vous êtes un lecteur de Pagnol ?
J’ai vu les films comme Manon des Sources et Jean de Florette, les versions modernes, ou La Gloire de mon père, et j’avais lu Topaze au collège.
Topaze c’est un agneau qui devient un loup ?
Oui, il travaille dans une pension où il est exploité par le directeur et sa fille les Muche. Il est professeur de morale et on va l’embarquer dans des affaires douteuses mais petit à petit l’élève va dépasser le maître. Il est naïf mais pas idiot et il comprend vite qu’il est le dindon de la farce. Il est recruté comme homme de paille par Castel-Benac. Au début il a peur mais il se rend compte que ça marche. Et il va traiter des affaires en son nom propre et virer son mentor.
Il y a une morale ?
La morale c’est chacun pour soit et Dieu pour tous, tout le monde est corruptible.
D’autres projets ?
J’en ai pas mal de personnels dans les cartons mais je souhaite continuer la collection Pagnol. Avec Jean-Luc Garréra on a aussi un projet didactique mais pas encore abouti donc je préfère ne pas en parler.
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