Une biographie d’autant plus marquante qu’elle traite d’un monument de la peinture, Monet, mais bien souvent cantonné à la fin de sa vie, celle du succès, de la reconnaissance, à Giverny et aux nymphéas. A moins d’être un vrai passionné de l’histoire de l’art, on sait peu de choses sur la vie de Monet avant Giverny, ses difficultés, ses échecs et pourtant sa volonté artistique intacte. Efa au dessin et Salva Rubio tracent un portrait d’une extrême richesse, bourré de détails incontournables et de vie. On est avec Monet, loin du vieillard chenu. Autour de lui tous les noms de ces peintres qui vont donner à l’art l’impressionnisme mais non sans mal. Efa a non seulement intégré des œuvres de Monet à ses cases mais plus encore rendu compte grâce au texte de Rubio de son état d’esprit, de ses sentiments les plus profonds. Ligneclaire a rencontré les deux auteurs au salon du livre et publiera bientôt leur interview.
Tout commence à la fin, au moment où Monet doit se faire opérer de la cataracte, effrayé de perdre la vue. Son vieil ami Clemenceau l’y contraint et le ramène à Giverny ou Monet repense à ses débuts, à sa jeunesse et à sa famille. Enfant c’est Boudin qui va l’initier même si déjà intransigeant il n’aime pas son œuvre. Il apprend l’antique, rencontre Renoir, Bazille, Sisley. Changer l’art est leur ambition. Se rebeller leur décision. Mais il y a à l’époque des parcours obligés dont les Salons dont celui des refusés du Salon officiel. Monet va y trouver l’inspiration et veut échapper à l’académie. Les critiques sont tout puissants Il part près de Fontainebleau déjà désargenté comme il le sera très souvent dans sa vie. Il rencontre Corot, Diaz, Rousseau, Millet qui peignent certes en plein air mais à l’ancienne. Il devient le chef de se amis peintres et signe une grande toile pour le Salon mais doit renoncer. C’est sa Femme en vert qui enfin lui apporte un certain succès. Il rencontre Camille et l’épouse. Quand il veut se représenter au Salon sa nouvelle toile est refusée.
Monet va aller d’échec en déception, fait des enfants, brade ses toiles pour vivre, emprunte de l’argent à ses copains. Il se réfugie à Londres pendant la guerre de 1870. Bazille est tué. Monet continue, s’accroche, est moqué, pauvre quand il est embauché par Hoschedé, un riche amateur dont l’épouse va tomber dans ses bras. Mais cela c’est la suite de cette biographie qui se dévore des yeux et dont on lit avec passion les textes. Une mise en page qui fait éclater les couleurs, Efa joue avec les tons, les expressions des visages. Oscar Monet était un perfectionniste mais envahi par la certitude qu’il avait raison, que lui seul détenait la vérité artistique. Il aura eu deux vies. La première, celle de la pauvreté, de la passion, méritait vraiment d’être mis en valeur d’aussi belle manière.
Monet, Nomade de la lumière, Le Lombard, 17,95 €
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