Les éditions du Larzac est un collectif d’auteurs et d’artistes basé à Nant en Aveyron. Le nom est porteur d’idéal et de combats, d’écologie intelligente et pertinente. Au festival BD de Sainte-Enimie, Corinne Soustiel, qui est la coordinatrice des éditions du Larzac, était de la fête avec Muriel Lacan, auteure de la délurée et déjantée Brebis galeuse, une BD à découvrir absolument. Elles proposaient les trois premiers ouvrages de leur jeune maison d’édition. Talent, humour, volonté, créativité, écologie évidemment et générosité, Corinne Soustiel et Muriel Lacan ont présenté les éditions du Larzac à Ligne Claire. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC
Corinne Soustiel, comment est née votre maison d’édition ?
Nous avions mis en place L’Herbe sous le pied, une association créée pour défendre l’écologie. On a décidé au sein de l’association de monter une maison d’édition pour appuyer notre projet.
L’écologie est la base de votre projet mais vous utilisez plusieurs mots pour vous définir ?
On emploie quatre mots. Écologie est le plus compris. Il est mis un peu trop à toutes les sauces. Ensuite il y a transition, décroissance et permaculture. Cela sous-entend qu’on a envie de défendre humain et nature. On pense que les ressources de la planète sont épuisées et que même si l’industrie est ingénieuse il va falloir gérer un tournant capital dans la vie de l’humanité. L’humain est dans la nécessité d’une plus grande conscience d’harmonie avec tout le vivant qui nous entoure.
Quel est votre objectif à toutes les deux et à votre association ?
En cercle autour de cette idée on est un collectif d’auteurs et de dessinateurs. Le choix du mot Larzac n’est pas gratuit. C’est une terre rude mais gratifiante. Les éditions ont été créées de façon originale avec pour but de transmettre l’esprit écologique de façon dessinée que ce soit sous forme de BD ou de littérature jeunesse. Un bureau, sorte de comité de lecture est chargé des choix. Il nous arrive de recevoir des choses très différentes de gens qui connaissent bien d’autres domaines. Si le sujet touche nos préoccupations on leur ouvre le cercle. Des gens d’ici nous contactent. On a des projets qui nous arrivent de partout.
Que signifie le mot Larzac pour vous Muriel Lacan ?
C’est un état d’esprit. Le Larzac est une lutte et une reconstruction. Il nous faut défendre un esprit commun qui permettre à tous de participer et ne pas se remettre dans les seules mains de politiques.
Combien de titres compte votre catalogue à ce jour ? Comment êtes-vous distribué ?
On a commencé par des cartes postales militantes, les menaces du monde moderne de façon à essayer de remettre les choses à leur place. Il y a six cartes au total. On a confié chaque carte à un auteur différent. Ensuite, on les a mises à la fin de l’album intitulé Du Vent. On a relié le tout pour monter le livre. C’est une sorte de jeu de l’oie. En fait, Du Vent c’est le livre qui dit ce que l’on veut faire. On a une distribution qui couvre la région où se font 75% de nos ventes et la France entière.
Muriel Lacan c’est vous qui avait inventé La Brebis galeuse, second titre des éditions du Larzac sur lequel on reviendra plus en détails ?
Une fois Du Vent publié on c’est dit qu’on allait rentrer dans le vif du sujet. J’avais toujours un peu gribouillé et j’ai créé La Brebis galeuse. Elle fait de l’écologie radicale ma brebis. Je lui ai donné une histoire. Le premier tome c’est son enfance et pourquoi elle sort du troupeau, pourquoi elle se rebelle. Jean-Yves Ferri a signé la préface et il a accepté dès qu’il a lu les premières planches. Il devrait y avoir trois tomes et le second sort en octobre.
Vous êtes passé ensuite à la littérature Jeunesse, Corinne Soustiel ?
On a inauguré notre collection Jeunesse avec Beau comme Alterégo qui est sorti en avril. Julie Allain de Angelis qui habite Millau nous a proposé son univers et on a retravaillé le sujet. C’est l’histoire d’un oiseau très terne, triste qui est parti de chez lui et arrive dans un village très coloré. Cet oiseau qui ne chante plus a des plumes sur lesquelles il y a l’actualité venue d’ailleurs, les titres angoissants des journaux. Une boulangère part avec lui vers son monde et tout devient gris, boulangère comprise. L’oiseau panique mais il réagit et les couleurs vont revenir. Avec cet ouvrage on a un projet à Millau pour faire intervenir des enfants sur l’empathie.
On a plein de projets en tête pour l’avenir et on aimerait bien sûr pouvoir organiser rencontres et dédicaces en particulier à Montpellier chez des libraires pour faire mieux connaître les éditions du Larzac.
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