De Katanga à Il était une fois en France, XIII Mystery, on avait l’habitude de retrouver Sylvain Vallée sur des sujets à la fois violents, brûlants et fond de grande Histoire. Avec Tananarive sur un scénario chaleureux, tendre, de Mark Eacersall (l’excellent et primé GoSt 111), Vallée aborde un registre qui lui va tout aussi bien, celui de l’amitié sans partage (enfin presque), de la recherche de la vérité par un petit bout d’homme besogneux qui va s’accrocher aux souvenirs par honnêteté viscérale. Et découvrir qu’on ne croit qu’à ce que l’on veut bien, tout en allant au bout de la route malgré des pavés inégaux et des larmes refoulées. Qu’on ne parle pas de roman graphique pour Tananarive mais d’une belle, splendide, émouvante bande dessinée BD au ton très cinématographique (Marielle dans le rôle de Seigneur aurait été un bonheur, Blier dans celui d’Amédée), au dessin de comédie dramatique superbe par un Vallée au plus haut. Un album précieux qui fait du bien et enchante du début à la fin.
Il a une gueule pas possible, une maison remplie de souvenirs exotiques, a fait l’Indochine, est né à Tananarive. Joseph Seigneur en est un, comme on dit, de seigneur, et son voisin, vieil ami de campagnes par récits interposés, notaire à la retraite, Amédée Petit-Jean, lui voue une admiration sans bornes. Il lui a raconté sa vie, charmé de ses aventures épiques au bout du monde, héros paillard et courageux. Et puis, boum, il se fait l’infarctus qui tue Joseph. Comme tout bon notaire, et très triste, Amédée veut savoir si il a des héritiers le Jo. Ce qui va lui faire mettre le doigt, puis les deux mains dans une galère qui va rebattre les cartes d’une amitié fidèle entre les deux hommes car Jo est né à Charleville. On conviendra que Tananarive ce n’est pas à côté. Stupeur et tremblement mais il n’a pas fini les sueurs froides Amédée qui va s’accrocher aux branches malgré l’avis contraire de sa femme.
L’histoire est de celles qu’on ne peut qu’aimer, en finesse, avec un héros de circonstance bien tranquille, bedonnant et court sur pattes mais teigneux comme un notaire. Ce qui tombe bien. Une enquête successorale où il va y avoir des fils, non des pelotes à dérouler. On se doute bien que le Jo n’est pas très net. Surprises garanties et balade dans une France profonde loin du Delta du Mékong même si on croise la Légion Étrangère au comptoir d’un café. Et Pinpin, enfin le héros bien connu de BD avec un caniche. Formidable ce qu’à fait le duo Vallée-Eacersall. Comme Amédée.
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