Un nouvel épisode bien ficelé dans la collection Jour J, le 26e, qui revisite un XVe siècle dévasté par la peste et où les religions ont été balayées par la terreur de la maladie, instaurant aussi une nouvelle donne politique en France et à l’étranger. Dans La Ballade des pendus ont aura même un certain François Villon en tueur à gages et une Jeanne la Pucelle devenue chef de guerre. Fred Duval et Jean-Pierre Pécau ont su inventer une fois de plus un cadre et réécrire l’histoire de personnages célèbres tout en ajoutant passion, action et manipulations. Le tout sur un dessin de Lajos Farkas particulièrement soigné et d’un réalisme efficace.
A Aigues-Mortes, en 1473 débarque l’ambassadeur de l’empereur africain Sandaki II, roi des rois, flanqué de ses deux cents amazones. Jacopo, marchand italien, l’accueille et doit l’escorter jusqu’à Paris mais la route est dangereuse. La succession du roi Charles VI est source de conflits entre le duc de Bourgogne, les Valois, l’Angleterre et le Saint-Empire. La peste a ravagé la France décimant des villes entières et faisant oublier le catholicisme au profit du dieu Vert. Des compagnies franches dont celle commandée par Jeanne la Pucelle ainsi que des troupes d’écorcheurs pillent les villes. Jeanne et ses hommes sont faits prisonniers par les Bourguignons qui lui mettent le marché en main : gagner la confiance de l’ambassadeur pour mieux le trahir ensuite selon son vote lors de la succession du roi de France. Jeanne déjoue une attaque d’écorcheurs contre l’ambassadeur et devient avec ses hommes sa garde rapprochée. Et au passage ne reste pas insensible au charme de la chef des amazones.
Un petit air de Druon et ses Rois maudits pour l’ambiance, les complots qui se mettent en place autour du trône de France. Jeanne est un peu la méchante de cette histoire qui a aussi un côté western façon cape et épée. Les paysages sont glacés, les décors sont très fouillés par le crayon de Lajos Farkas qui assure un excellent travail graphique. Beaucoup d’imagination dans le scénario avec Jeanne chef de gang et traître, Villon encore plus tordu que son éminent modèle, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire devenu roi de France, Dijon capitale. Un petit détail : qui est Jeanne la guerrière puisque on parle aussi de Jeanne d’Arc la Pucelle brûlée à Rouen ? Serait-ce la même qui aurait échappé au bûcher ? Et enfin une suite peut-être ?
Jour J, Tome 26, la ballade des pendus, Delcourt, 10,99 €
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